La marche que devaient tenir ce jeudi à Ouargla les chômeurs des régions du Sud connaît un certain nombre de changements. Au lieu d'une marche populaire, les initiateurs de cette action de protestation ont décidé d'organiser un rassemblement dans la grande placette de l'APC de Ouargla. La raison : les jeunes chômeurs du Sud refusent que leur action et leurs revendications soient récupérées par les partis politiques. «Nous avons fait un pas en arrière. Nous n'allons plus organiser une marche, mais juste un rassemblement sur la placette de l'APC», nous affirme un membre de la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme de Ouargla. «Nous refusons que notre action et les revendications de ces milliers de chômeurs qui souffrent depuis plusieurs années en silence soient récupérées par les politiciens», a-t-il ajouté. Ce militant affirme que ces jeunes «demandent des actions concrètes de la part du gouvernement pour résoudre les problèmes sociaux du chômage et du logement dans ces régions désertes». «Nous n'avons jamais demandé la séparation et l'indépendance du Sud. Ce n'est pas ce à quoi aspirent ces jeunes chômeurs qui demandent juste un travail et un logement pour pouvoir se stabiliser et vivre dans la dignité», a-t-il affirmé. «D'ailleurs, nous refusons catégoriquement l'intervention des partis dans notre action citoyenne à 100%. Nous n'avons pas besoin de partis politiques. Nous n'avons pas besoin de leur parler et nous n'avons pas besoin de leur solidarité avec nos revendications. C'est notre action, nous allons la tenir et assumer les conséquences», a-t-il indiqué. Notre interlocuteur affirme que depuis le lancement de la protestation des chômeurs du Sud, plusieurs partis politiques, notamment ceux du courant islamiste, multiplient les contacts avec le mouvement pour soutenir les jeunes et leur proposer de travailler avec eux. «Nous avons reçu des appels téléphoniques de la part de plusieurs leaders de partis politiques dont le FFS, Hamas et le parti de Djaballah. Le FLN s'y met depuis quelque temps. Vous imaginez ? En temps normal, les jeunes n'ont pas accès à ces personnalités qui ne se sont jamais préoccupées de leur situation. Là, ce sont eux qui veulent coûte que coûte être à nos côtés. Où étaient-ils pendant toutes ces années durant lesquelles les jeunes n'osaient même pas parler ou exprimer leurs droits ? Maintenant, c'est nous qui ne voulons pas d'eux et nous n'allons pas leur permettre de s'ingérer ni de près ni de loin dans cette affaire car personne n'a le droit de récupérer notre misère à des fins politiques». Pour les chômeurs, l'unité de l'Algérie est «sacrée». «Nous étions en train de préparer la marche avec plusieurs slogans favorables à l'unité nationale. Nous sommes contre la séparation, contre la violence et contre l'ingérence étrangère. Pour nous, l'amour et la défense de l'Algérie sont une ligne rouge que personne ne doit dépasser et il est hors de question pour nous de franchir cette limite». Interrogé sur les décisions que le gouvernement est appelé à prendre pour résoudre les problèmes de chômage soulevés dans le Sud algérien, notre interlocuteur dira que «des informations circulent depuis quelques jours sur des mesures urgentes que le gouvernement va prononcer demain (aujourd'hui NDLR)». «Ce sont des décisions à caractère urgent pour régler des situation sociales», a-t-il indiqué. «Nous saluons ces décisions qui répondent aux préoccupations des jeunes mêmes et nous souhaitons que ces décisions soient dotées de textes de loi qui les rendent applicables tout le temps».