L'agence n° 51 de la Banque extérieure d'Algérie (BEA), implantée à Skikda,est au centre d'une vaste affaire de transferts illicites de fonds en deviseset de blanchiment d'argent. En effet, au fur et à mesure qu'avancent les investigations menées dans le cadre d'une enquête toujours en cours par les gendarmes de Skikda, des révélations attestent de l'existence d'une véritable «niche» et de «dilapidation caractérisée de deniers publics au sein de cette agence». La complicité de responsables à tous les niveaux au sein de cette agence bancaire avec leurs collègues employés dans d'autres succursales de la BEA d'Alger, de Constantine et d'Annaba a été démontrée à travers notamment la dissimulation d'opérations de versement remontant aux années 2008 et 2009, versements dont a bénéficié la principale accusée, une femme d'une cinquantaine d'années, C. L. originaire de Skikda. Cette dernière a été décrite par le colonel Mahfoud Bousseka, commandant du groupement de gendarmerie de Skikda, comme une «richissime personne très influente dans la région». L'officier supérieur de gendarmerie mettra l'accent sur le fait que les résultats définitifs de l'enquête engagée par ses services pourraient «se traduire par l'arrestation de plusieurs responsables de la BEA, même ceux occupant des postes au niveau de la direction générale de la banque». Le préjudice causé à cette banque est énorme. Il dépasse 1,5 million d'euros, soit l'équivalent de 20 milliards de centimes, précise-t-il. Les services d'Interpol sollicités La «saignée» qu'a subie la Banque extérieure d'Algérie est due aux «facilitations dont a bénéficié la principale mise en cause de la part des responsables de la BEA sur la réception de 19 versements douteux de l'étranger sous couvert de domiciliation bancaire inexistante et leurs retraits en devises et en espèces aussitôt reçus». L'enquête a également révélé l'existence de 8 dépôts en devises et en espèces dépourvus de la moindre justification. Il a été établi ainsi que l'ensemble des requêtes dont a fait l'objet la principale mise en cause dans cette affaire ont été satisfaites les unes après les autres par des responsables de la BEA, en particulier ceux en poste au niveau de l'agence de Skikda. Des requêtes ayant trait notamment à l'annulation de montants transférés de l'étranger en euros et changés en monnaie nationale par la Direction des opérations avec l'étranger (DOE) puis changés une nouvelle fois en devises et retirés par la mise en cause après «des pressions» exercées sur le même service. La dénommée C. L., placée depuis le 10 mars dernier sous contrôle judiciaire au même titre que 8 cadres de la BEA, avait procédé à l'ouverture de plusieurs comptes au sein des différentes agences de la BEA via lesquels elle percevaient des versements en devises transférés par des sociétés-écrans supposées être basées dans des pays d'Europe et d'Amérique du Sud. La décision de placer C. L. et ses complices sous contrôle judiciaire «est justifiée par la nécessité de parer à toute tentative de la part de la principale mise en cause de quitter le territoire algérien alors que l'enquête est toujours en cours», précisera le colonel Bousseka. Ce dernier informe, en outre, que l'enquête en question concerne tous les biens immobiliers acquis par C. L. suite au blanchiment des fonds transférés de l'étranger. Il est question, entre autres, de 3 appartements de type F4, 2 studios et 2 locaux commerciaux à Skikda. Le commandant du groupement de Gendarmerie de Skikda précisera en outre que dans le cadre du traitement de cette affaire, les services d'Interpol ont été sollicités pour apporter leur contribution. Affaire à suivre.