Depuis quelques années, le trafic de devises est considéré, avec la drogue et l'immigration clandestine, comme l'une des filières les plus actives, mais aussi les plus traquées par les instances concernées dans le pourtour méditerranéen. La permissivité des frontières et l'existence de complicités et de ramifications plus larges qu'on l'imagine souvent, auraient certainement aidé au développement de ce fléau, notamment en Algérie, où les services de sécurité ont récemment mis la main sur un réseau tentaculaire qui peut même en cacher d'autres. D'après nos sources, les soupçons de transactions financières douteuses concernent le dénommé S. A., résidant à Remchi, lequel aurait déposé d'énormes sommes d'argent, dont l'origine reste inconnue, dans une banque espagnole où il est établi actuellement après avoir fui l'Algérie. Interpol enquête actuellement sur ce dossier. De leurs côtés, les éléments de la Gendarmerie nationale ont déclenché une enquête sur la personne mise en cause et ont réussi à l'identifier. Il s'agit d'un retraité ayant occupé un poste important dans une importante société. Il aurait, selon nos informations, déjà déposé plusieurs demandes d'obtention de prêts bancaires pour réaliser une clinique privée à Remchi, profitant du déficit en matière d'infrastructures sanitaires au niveau de cette daïra. Nos sources ne nous ont pas révélé le montant des prêts accordés ayant atterri dans les banques espagnoles. Mais une chose est néanmoins sûre, c'est que l'individu en question a arnaqué nos banques en usant du subterfuge d'importation du matériel et d'équipements, attirant au passage les soupçons d'Interpol sur des mouvements illégaux de transfert de devises. Sur ce point, nous avons pu vérifier que son nom a été bel et bien inscrit sur la liste des personnes recherchées par l'Interpol. Dans ce cadre, nous avons appris que dix personnes originaires de Tlemcen, Aïn Témouchent et Oran font l'objet d'enquêtes approfondies par les éléments du DRS et de la Gendarmerie nationale. Toutes ces personnes ont été identifiées et sont soupçonnées de trafic illégal de devises vers l'étranger. Il s'agit de la deuxième affaire en quelques mois, dans la wilaya de Tlemcèn, après celle du dénommé H. M. dit «El-Haïcha» qui s'était enfui en Espagne via le Maroc avec des milliers d'euros suite à l'attribution des marchés publics, bénéficiant de largesses et de facilités multiformes auprès des responsables locaux et de certaines agences de banques. Les conclusions de l'enquête n'ont pas encore révélé les secrets de cette escroquerie. Dans une de nos précédentes éditions, nous avons révélé que de nombreuses personnes avaient été convoquées par les services de sécurité, soupçonnées de transfert illégal de devises estimés à 900 millions d'euros. Cinq wilayas étaient concernées par ce scandale, à savoir Tlemcen, Oran, Alger, Annaba et Béjaïa. Dans cette affaire, les douaniers espagnols ont informé la cellule du renseignement financier de leur pays, lequel aurait saisi les autorités algériennes les informant des sommes importantes déclarées en Espagne. En deux ans, entre 2008 et 2010, 900 millions d'euros ont été investis dans l'immobilier en Espagne. A Alger, 51 personnes ont été citées, dont 40 ont débarqué de l'aéroport et les 11 autres du port. Sachant que onze personnes en tout ont été interdites de quitter le territoire algérien. A Oran, 42 personnes ont été convoquées suite à une plainte déposée par l'administration douanière. Elles sont soupçonnées de transfert illégal de devises et de blanchiment d'argent. Selon des sources concordantes, les montants transférés en espèce via les aéroports de Tlemcen et d'Oran et les ports d'Oran et de Ghazaouet descendent rarement en dessous de cent mille euros. Il faut souligner que ces sommes sont systématiquement investies dans l'achat des villas et d'appartements au sud de l'Espagne, notamment dans les villes d'Alicante et de Benidorm, à la faveur de la crise financière qui a touché ce pays. Cette situation n'avait que trop duré.