Christopher Ross s´est réuni pour la seconde fois seulement en quelques mois vendrediavec les représentants de la société civile sahraouie à Al Ayoune. La première fois ce fut lors de sa première tournée maghrébine en octobre 2012, alors qu´en mai de la même année, le Maroc avait, pourtant, demandé au Secrétaire général de l´ONU de faire «démissionner» son Représentant pour le Sahara Occidental qu´il accuse d´avoir «outrepassé» sa mission pour les contacts de la Minurso avec les indépendantistes sahraouis. Wolfang W. Wolswog Weber, le chef de cet organisme onusien chargé de la surveillance du cessez-le-feu au Sahara Occidental, était lui aussi présent à cette réunion avec la délégation sahraouie du Collectif pour la défense des droits de l´homme (Condesa), conduite par Aminatu Haider. Cette réunion était placée sous haute surveillance par les autorités d´occupation marocaine qui voient d´un très mauvais œil les contacts suivis du diplomate américain avec les indépendantistes sahraouis dont 24 d´entre eux viennent d´être condamnés à de lourdes peines de prison par le tribunal militaire de Rabat.
«L'urgence d´une solution» Mercredi dernier depuis la capitale marocaine, première escale de sa tournée maghrébine, Christopher Ross avait averti d´emblée ses interlocuteurs marocains qu´«une solution au conflit du Sahara Occidental est plus urgente que jamais», surtout au regard de la situation d´«instabilité qui prévaut, actuellement, dans la région et au Sahel». Une solution qui, de l´avis, du représentant onusien ne doit pas faire l´impasse sur l´avis des Sahraouis qu´il a été recueillir auprès des indépendantistes à Al Ayoune. Avec les dirigeants marocains et les Sahraouis, il a évoqué «la meilleure manière de faire avancer le processus de négociations». Pour le moment, le diplomate américain n´a pas de plan à proposer aux deux parties impliquées dans le conflit du Sahara occidental, le Maroc et le Front Polisario, se limitant à montrer la ligne rouge : le droit du peuple sahraoui à s´autodéterminer. Concrètement, son objectif immédiat est de «préparer la prochaine étape du processus de négociations» qui pourrait revêtir un caractère «formel» différent du cadre (informel) dans lequel se sont déroulés les précédents rounds à Manhassat et à Vienne.
Fort du soutien international M. Ross compte s´appuyer sur le soutien que lui a apporté le groupe des Amis du Sahara Occidental «composé des quatre pays membres permanents du Conseil de sécurité de l´ONU (Etats-Unis, France, Russie et Royaume-Uni), en plus de l´Espagne en sa qualité d´ancienne puissance coloniale du territoire sahraoui. Ce groupe a invité le Maroc et le Front Polisario «à faire preuve de plus de flexibilité dans leurs contacts» avec le Représentant personnel du Secrétaire général de l´ONU. Rabat ne semble pas avoir accordé trop d´intérêt à ce message. Le Premier ministre marocain, Abdallah Benkirane, et le président de la Chambre haute, Karim Ghelab, ont signifié à M. Ross que le Maroc a «mis sur la table plusieurs initiatives pour trouver une solution au conflit du Sahara Occidental sur la base du plan d´autonomie et du respect de l´intégrité territoriale du Royaume». C´est du moins ce qui est écrit dans le communiqué officiel publié à Rabat et qui ne fait aucune mention des arguments avancés par M. Ross. Il est possible aussi que cette «omission volontaire» ait été dictée par la volonté du représentant onusien lui-même. Il faut se rappeler, en effet, qu´au terme de sa précédente escale marocaine, en octobre 2012, le diplomate américain s´était dit, en privé bien sûr, «contrarié» par l´usage que les médias marocains, surtout la télévision d´Etat, ont fait de sa déclaration d´où a été gommée la mention de «peuple sahraoui».