Plus de vingt ressortissants espagnols ont été expulsés sans ménagement d'el Ayoune, mercredi, par les autorités marocaines qui les ont accusés d'être des sympathisants du Front Polisario. Au même moment, un groupe de quatre personnes subissait le même sort. Il s'agit de membres de la jeunesse des partis libéral et travailliste qui séjournaient dans la capitale sahraouie, pour le même motif. La police marocaine les avaient sommés de quitter le Sahara occidental et de choisir une destination au Maroc, de préférence Marrakech ou Agadir, des villes touristiques, au motif que leur «sécurité est menacée». Dans la forme, cette mesure n´est pas une expulsion et ne peut pas donner lieu à des protestations des gouvernements d'origine de ces Européens.
Occupation du consulat espagnol à Agadir C´est donc vers Agadir que les activistes espagnols pro-sahraouis ont été contraints de se rendre mais pas pour faire du tourisme, ni pour faire une escale avant de regagner immédiatement leur pays. Sur place, ils ont eu l'idée d'occuper les locaux du consulat d'Espagne dans cette ville d'où ils seront délogés quelques heures plus tard, mais leur objectif, celui d'alerter l'opinion internationale sur leur expulsion du territoire sahraoui, était atteint. Le porte-parole de ces activistes, Jefferson Cardenas, a déclaré au journal El Mundo que lui et ses camarades avaient décidé d'occuper pacifiquement les locaux du consulat espagnol pour forcer le gouvernement espagnol à réagir à leur expulsion du Sahara occidental. Nous étions dans un «territoire non autonome sujet à décolonisation que le Maroc occupe illégalement depuis 1975 et sur lequel il n'a aucun titre de souveraineté», soutient-il. Les responsables du consulat d'Espagne les ont assurés que leur expulsion «fera l'objet d'une note diplomatique qui sera adressée aux autorités marocaines».
Quelle sera la réaction de Madrid ? M. Cardenas et ses compagnons ont exigé une démarche officielle. Ils veulent que le gouvernement Rajoy adresse «une note de protestation officielle à Rabat lui demandant des explications au sujet de leur expulsion qu'ils qualifient d'«illégale». «Aucun pays au monde ne reconnaît au Maroc le droit de souveraineté sur ce territoire sujet à décolonisation», a fait observer M. Cardenas. Un appel a été lancé au gouvernement espagnol afin d'agir, en usant de plus de pression au plan international, en faveur de l'élargissement de la mission de surveillance des droits de l'homme dans les territoires occupés du Sahara occidental à la Minurso, organisme onusien chargé de surveiller le cessez-le-feu au Sahara occidental. Il faut remarquer que les expulsions de cette trentaine d'Européens est intervenue le jour même de la commémoration par le Maroc du 37e anniversaire de la «Marche Verte» et a coïncidé avec le second anniversaire du démantèlement brutal par les autorités marocaines des 7500 tentes du camp de protestation pacifique de Gdeim Izik, situé aux abords d'Al Ayoune, où s'étaient rassemblés plus de 25 000 Sahraouis. Les autorités marocaines craignaient-elles de nouvelles manifestations au Sahara ? La police semblait, en tout cas, bien informée des raisons de la présence de ces Européens qui ont tenu à apporter, à cette occasion, un soutien direct à la cause des indépendantistes,
Et le Parlement européen ?
Il semble, enfin, que les autorités marocaines ont attendu le départ de M. Christopher Ross d'Al Ayoune pour agir. Le représentant personnel du Secrétaire général de l´ONU qui effectue du 27 octobre au 15 novembre une nouvelle tournée au Maghreb et en Europe, a déjà rencontré Aminatu Haider et ses camarades qui militent pour l'indépendance du Sahara occidental. C'est pour cet objectif que militent également ces membres de la société civile espagnole et norvégienne et partout ailleurs en Europe. Il faut s'attendre donc à une réaction du Parlement européen à l'expulsion d'Al Ayoune de cette trentaine de ressortissants de l'UE. En 2011, les parlementaires européens avaient protesté contre l´expulsion d'Al Ayoune de nombreux élus espagnols en rappelant que le Maroc n'avait aucun droit de souveraineté sur le territoire sahraoui.