Le service des urgences du centre hospitalo-universitaire Mustapha Pacha d'Alger demeure égal à lui-même : un monde fou, une chaîne interminable, des salles de soins archicombles et un service minimum dérisoire. Lors de notre visite des lieux, et une fois la porte d'entrée franchie, on a vu des malades à même le sol, des chamailleries entre les patients et les agents chargés de la sécurité ou même parfois avec des médecins urgentistes et des médecins internes, un vent de panique souffle sur les lieux, en somme une situation peu reluisante. Des blessés, des femmes enceintes, des personnes âgées et des enfants en pleurs qui espèrent trouver remède à leur mal. Le préposé au guichet est dépassé par cette nombreuse foule qu'il faut satisfaire entièrement. Pour accéder à une consultation, c'est le parcours du combattant. Il faut attendre son tour pour avoir un billet d'entrée, voir un médecin qui à son tour vous oriente vers le service concerné selon la nature de votre mal. Une fois dans le service spécialisé, chaque blouse blanche vous oriente à sa guise vers une autre destination pour enfin atterrir sur la table d'osculation du médecin. «El Hakim» s'est limité à nous poser quelques petites questions du genre : «Est-ce que tu as déjà eu ce genre de maladie ?» «Depuis quand es-tu malade ?» ou encore «Est-ce que tu prends un traitement quelconque ?», mais en aucun cas il s'est donné la peine d'utiliser son stéthoscope ou son tensiomètre. Malgré cet état déplorable, il faut reconnaître que le nombre de personnes qui se présentent tous les jours dépasse de loin les capacités d'accueil de ce service. Ce qui crée cette anarchie et cet état peu paradoxal par rapport à la vocation d'un hôpital. Il faut avouer aussi que nombre des personnes rencontrées sur place viennent des autres wilayas du pays. Selon un médecin qui débute sa carrière, «le personnel médical fait de son mieux afin de satisfaire le maximum de personnes, mais cela reste effectivement insuffisant». Pour les malades, un «vieux» nous résume la situation : «Hier, l'infirmière a mesuré ma tension artérielle dans le couloir, parce que les salles étaient pleines de cas plus graves.» Et d'ajouter : «Depuis l'arrivée de Abdelaziz Bouteflika en 1999, on a relevé une nette amélioration dans la gestion des services des urgences.»