C'est avec regret, tristesse et sans espoir que le Pr Abdelouahab Bengounia, médecin en épidémiologie au CHU Mustapha Pacha, a animé hier au centre de presse d'El Moudjahid, une conférence de presse intitulée «Santé publique : où en est la prévention primaire ?»,coïncidant avec la Journée mondiale de la santé. M. Bengounia s'interroge sur la mise en place de l'Institut national de veille sanitaire (INVS), recommandé depuis plus de dix années et dont la création a pourtant été officiellement annoncée publiquement par le secrétaire général du ministère de la Santé il y a plus d'une année. «Dites-nous, à quand la mise en place de la veille sanitaire et la prévention primaire qui nous aurait certainement épargné cette triste situation ? s'interroge le Pr Bengounia. Qu'en est-il de la prévention de la santé qui est le devoir de l'Etat ?». Ceci dit, «le programme national de prévention des infections liées à la pratique médicale, abandonné après 18 mois d'application en 2001, aurait pu limiter ces contaminations hospitalières, encore mortelles en 2013. La création de l'INVS en 2002 aurait pu guider notre politique de santé et la protéger des différents dérapages et non- sens dans la gestion», a ajouté le Pr Bengounia. Pour ce dernier, rien n'est étonnant, puisque à ce jour, «un secteur aussi vital pour le pays est encore géré selon les dispositions d'une loi promulguée depuis 28 ans, alors que six ministres se sont déjà succédé sur un projet de loi finalisé en 2002, dans lequel toutes ces opportunités ratées ont été vainement relancées, mais qui est toujours au stade du «on va faire»… Quel gâchis !» Toutefois, des points noirs ont bien marqué le même intervenant, dont «l'impossibilité humaine et matérielle de prendre en charge les malades dans les structures publiques s'étend pratiquement à toutes les pathologies lourdes et chroniques : hypertension artérielle et ses répercussions cardiovasculaires, diabète et ses complications dégénératives, cancers, affections respiratoires, insuffisance rénale chronique et polytraumatisés». Et de préciser «ne pas disposer en 2013 de suffisamment de moyens pour prendre en charge nos cancéreux est inadmissible ! C'est un véritable scandale d'Etat. De nombreux malades sont décédés ou décéderont avant d'atteindre leur hypothétique rendez-vous pour 2014 ou même 2015 ! Le délit de non-assistance à personne en danger est, depuis longtemps, établi et consommé !» Par ailleurs, le Pr Bengounia, qui a interpellé l'Etat pour non-prise en charge des malades, appelle les associations, les médecins et tous les acteurs de la société à se mobiliser et se prémunir contre toutes les maladies.