Le secteur de l'emploi à Hassi-Messaoud (Ouargla) connaît, malgré les nombreuses offres d'emploi proposées par les sociétés nationales, publiques, privées ou étrangères, de multiples contraintes entravant l'accès de demandeurs d'emploi de la région à un poste de travail, de l'avis même du directeur local de l'Agence nationale de l'emploi (ANEM). Selon Ahmed Siyoud, de nombreuses contraintes gênent le bon fonctionnement du secteur, d'où les nombreuses contestations des demandeurs d'emplois constatées dernièrement dans la région. Il relève, à titre d'illustration, que les 280 sociétés activant dans cette localité pétrolière ont proposé l'année écoulée quelque 700 offres d'emploi et une cinquantaine d'autres durant le premier trimestre de l'année en cours. Des offres très souvent accompagnées de conditions "draconiennes" concernant le profil du poste, ne pouvant être remplies par les postulants, explique-t-il. Ces contraintes se résument en deux points essentiels : Avoir une expérience de cinq années minimum dans le domaine et maîtriser des langues étrangères. "Deux conditions que ne remplissent généralement pas ces jeunes demandeurs d'emploi", confie M. Siyoud. "Ce sont là des conditions impossibles à remplir", s'insurge le jeune Amine, 29 ans, natif de Ouargla et détenteur d'un diplôme d'ingénieur en hydrocarbures, rencontré dans le bureau de l'ANEM. Et d'ajouter : "Sincèrement, il très difficile de postuler pour un poste d'emploi dans une société pétrolière sans expérience, mais comment en avoir, si l'on a pas eu la chance de travailler ?!". Un constat "vraiment amer mais réel", soutiennent nombre de personnes en quête d'emploi. Les sociétés de sous-traitance mises à l'index Les sociétés de recrutement sont aussi mises à l'index par beaucoup de demandeurs de travail dans cette crise d'emploi. Ces dernières "proposent généralement des postes +précaires+ dans la restauration, le gardiennage, le nettoyage et autres, avec surtout une grande disparité entre les salaires obtenus des sociétés employeuses et ceux versées aux travailleurs, pouvant être réduits de moitié", déplore le jeune Amine sans cacher son sentiment de "Hogra" (injustice) souvent, soutient-il, à l'origine de mouvements de contestation de la part des jeunes qui s'insurgent contre ce système "d'exploitation". Les chiffres avancés par le bureau local de l'ANEM sont pourtant, à première vue, assez cohérents ou 1.300 demandes ont été satisfaites en 2012 sur un total de 2.000 chômeurs inscrits, alors qu'une trentaine sur un total de 200 inscrits a pu être embauchée durant le premier trimestre de l'année en cours. Cependant la contestation et le mécontentement reste toujours d'actualité, car les sociétés de sous-traitance proposent des contrats de six mois ou d'une année, souvent non renouvelables, faisant qu'un grand nombre d'entre eux se retrouve de nouveau sans emploi à terme, assure, exaspéré, Samir. N (34 ans) père de deux enfants et demandeur d'emploi, rencontré à la sortie du bureau de l'ANEM à Hassi-Messaoud. "Je possède un diplôme d'ingénieur en informatique, mais je me trouve souvent contraint, au vu de mes obligations familiales, d'accepter des boulots qui n'ont rien à voir avec ma formation, auprès de sociétés de sous-traitance, tout en sachant que je vais me retrouver au chômage dans six mois". "Ce n'est pas dans ces conditions que je vais assurer ma vie et celle de ma petite famille", ajoute-t-il amer, avouant "préférer de loin travailler, même comme agent de sécurité, malgré mon diplôme d'ingénieur, dans une entreprise publique nationale, où là au moins je suis assuré d'avoir un poste stable qui me permette de nourrir dignement ma petite famille". L'embauche au ralenti et des examens insurmontables En se penchant de plus près sur le mode opératoire du recrutement, il est constaté en premier lieu qu'il tourne vraiment au ralenti, puisqu' entre l'offre, le traitement de la demande et la convocation du postulant, il se passe souvent six mois, sinon plus, "de quoi vraiment perdre patience", indique le chargé des études au bureau local de l'ANEM. Pour Hichem Laroussi, le "calvaire des candidats ne s'arrête pas là, puisqu'une convocation ne signifie nullement un emploi assuré pour les candidats qui doivent passer ensuite des examens souvent insurmontables surtout pour les nouveaux diplômés universitaires postulant pour des postes au niveau des compagnies pétrolières, nationales ou étrangères, et voient donc souvent leurs candidatures refusées." Ainsi et par souci d'équité dans le traitement des dossiers de candidatures, le chef de daïra de Hassi-Messaoud, Araar Kherchouche, propose, que l'ANEM accompagne ces jeunes candidats postulant à un emploi, afin de donner, à la fois, une chance aux jeunes de la région et une grande transparence à l'opération d'embauche. Le même responsable a également fait part d'une "certaine anarchie" dans la gestion du problème à l'ANEM locale et ce "depuis plusieurs années", d'où, a-t-il suggéré, la nécessité de "converger les efforts tant au niveau local et de wilaya pour une meilleure organisation de cette agence". A noter qu'il a été procédé dernièrement à la réouverture du bureau local de l'ANEM à Hassi-Messaoud, après avoir été encadré par une commission spéciale dépêchée de l'ANEM de Constantine. Ce bureau a été la cible d'actes de vandalisme lors des mouvements de contestation, ayant empêché ses agents de s'acquitter correctement de leur travail, à savoir activer les contacts avec les sociétés pourvoyeuses d'emplois. L'instruction du Premier ministre répond aux attentes des chômeurs Concernant l'application de l'instruction du Premier ministre relative à la gestion du dossier de l'emploi dans le sud du pays, M. Araar a indiqué qu'elle "répond aux attentes des chômeurs de la région, surtout que les jeunes demandent une équité dans l'opération de recrutement, en plus de la prise en compte le volet de la formation dans les spécialités en relation avec l'activité des sociétés implantées dans la région". Les dernières mesures prises concernant la surveillance de l'ensemble des sociétés implantées à Hassi-Messaoud, ont permis, durant le 1er trimestre de 2013, d'établir sept procès-verbaux d'infraction en matière de recrutement direct de la main d'oeuvre locale, a fait savoir, pour sa part, le directeur de wilaya de l'inspection du travail, Lyes Allel. Le même responsable a indiqué que l'inspection veille à ce que les sociétés nationales, étatiques, privées ou étrangères respectent le code du travail et qu'elle ne fait aucune concession en ce qui concerne les infractions. De leur côté, les chômeurs de la région réclament, concernant l'instruction du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, qui a visité dernièrement certaines wilayas du Sud, son "application rigoureuse, afin de solutionner, à travers des actions palpables sur le terrain, le problème de l'emploi", tout en refusant "catégoriquement" une "politisation" de leurs revendications.