Le secrétaire général du Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP) Lyès Merabet, a annoncé hier la volonté du syndicat de renouer avec la protestation. Pour ce faire, il a expliqué qu'un sit-in sera organisé le 17 avril devant le ministère de la Santé à 11h. Un débrayage est également annoncé pour les 22, 23 et 24 avril. M. Merabet a justifié ce changement de disposition vis-à-vis de la tutelle par l'absence de prise en charge de leurs revendications. Il a fait savoir que les praticiens avaient laissé six mois au ministre de la Santé pour s'imprégner des dossiers. Cependant, il a fait savoir que devant cette absence de prise en charge et la pression des adhérents, le conseil national n'a pu que valider le retour à la mobilisation. «A chaque renouvellement ministériel, nous sommes confrontés à un nouveau ministre et un nouveau staff. A chaque fois, nous renouvelons notre disponibilité à négocier et nous laissons du temps au nouveau ministre pour qu'il s'imprègne des dossiers. Toutefois, depuis les années 2010-2011, aucune de nos revendications principales n'a fait l'objet d'un examen sérieux. Devant cet état de fait et parce que nous bénéficions de la confiance de pas moins de 11 456 adhérents sur un total de 18 000 praticiens, nous nous devons de prendre les devants et organiser un nouveau mouvement social pour arracher des acquis», a-t-il déclaré. Il a, par ailleurs, déploré que depuis son investiture, le ministre de la Santé ne les a reçus que deux fois. «Nous avons été reçus à deux reprises seulement. La première réunion s'est tenue le 16 décembre 2012. A l'époque, nous avions organisé une mobilisation symbolique pour alerter les pouvoirs publics sur notre situation. Nous avions dès lors entrepris de laisser du temps au ministre mais après cette réunion, il a mis plus de trois mois pour nous convoquer de nouveau. Ainsi, la seconde rencontre s'est tenue le 14 mars. Cette entrevue fut un échec pour nous car le ministre avait juste émis des propositions au conditionnel, ce qui n'était pas suffisant. Nous avions donc analysé qu'il n'avait pas de projet à apporter aux partenaires sociaux. C'est ainsi qu'après six mois d'attente, nous renouons avec la protestation», a-t-il expliqué. Passant en revue les doléances qui figurent dans la plateforme de revendications, il a insisté sur la prise en charge effective de la révision du régime indemnitaire ainsi que du projet d'amendement du statut particulier d'autant que ce projet a fait l'objet de négociations de 2010 à mars 2011. «Le dossier a été transmis à la Fonction publique mais depuis avril 2011, il n'a pas fait l'objet d'examen sous prétexte qu'il doit obtenir l'aval des autorités publiques», nous a-t-il dit. Il estime, par ailleurs, que le «deux poids deux mesures» appliqué par la Fonction publique peut être assimilé à de la ségrégation. «Est-ce que la Fonction publique fait de la ségrégation entre ses corps ? Pourquoi les fonctionnaires de l'éducation nationale ont pu obtenir la révision de leur statut particulier et de leur régime indemnitaire ?» a-t-il dénoncé. Il est à rappeler que les doléances concernent également l'application de la disposition de l'article 19 du statut particulier. «Cette disposition stipule qu'entre le 1er janvier 2008 (date d'entrée en vigueur du statut particulier) et janvier 2013, les praticiens généralistes, tous corps confondus, ont droit à l'accès au grade 2, qui signifie le grade de principal, sous condition d'avoir 10 ans d'expérience. Jusqu'à présent, les 4000 praticiens qui doivent bénéficier de cette disposition n'en ont toujours pas profité alors que l'échéance est arrivée à son terme. Pourquoi s'évertue-t-on à ne pas appliquer une disposition statutaire ?», s'interroge ce responsable. Entre autres revendications, demeurent la revalorisation des primes de garde, les indemnités de contagion, l'amélioration des conditions de travail, l'équivalence directe entre anciens et nouveaux diplômés de médecine dentaire et de pharmacie. Il a fait savoir en outre que l'inscription sur les tableaux des ordres professionnels était un problème pour de nombreux praticiens qui sont accusés d'exercice illégal de la médecine. Des entraves aux libertés syndicales M. Merabet a fait savoir que de nombreuses entraves aux libertés syndicales ont été relevées dans plusieurs wilayas. Il citera les cas des établissements hospitaliers de proximité (EPSP) de Bordj Bou Arréridj, Mila, M'sila. «A Bordj Bou Arréridj, le directeur a exclu 13 praticiens dont 3 médecins qui revendiquaient leurs droits. Ils avaient organisé un sit-in devant le siège de la direction de la santé et le wali a sommé la direction de prendre des mesures coercitives contre tous ceux qui avaient participé au sit-in. Jusqu'à présent, ils n'ont pas été réhabilités à leurs postes alors que le ministre de la Santé en personne a été instruit de ces cas. A Mila, malgré le rappel à l'ordre de la tutelle et du directeur de la santé, le responsable de l'EPSP refuse la présence d'un syndicat autonome et a organisé une véritable chasse aux sorcières. Il harcèle nos délégués et les adhérents, empêche la tenue d'assemblée générale. Il a également mis en place une batterie de sanctions qui va des ponctions sur salaire aux mutations injustifiées. A M'sila, le problème date de l'ère de Ould Abbas. Il y a une ingérence manifeste de la direction dans les activités syndicales. La direction privilégie certains syndicats au détriment d'autres et tente même de corrompre nos militants afin qu'ils changent de syndicat. Je pense que si la société manifeste son mécontentement en usant de violence c'est parce que les canaux qui permettent aux gens de manifester sont bloqués par des incompétents. Le ministre, qui doit veiller à la protection des libertés syndicales, ne les garantit pas, je me demande pourquoi ?», s'interroge-t-il. Ajoutant que la plateforme de revendications n'a pas de sens sans le respect des libertés syndicales. Le syndicat, a-t-il fait savoir, réitère sa disponibilité au dialogue, tout en espérant avoir face à lui des personnes capables de proposer des solutions pragmatiques. Il a également tenu à signifier que seul le bureau national du SNPSP est habilité à étudier les suites à donner aux trois journées de protestation. Toutefois, ce responsable n'exclut pas d'autres actions si la tutelle refuse de satisfaire leurs revendications.