Les revendications, comme nous l'écrivions dans notre édition d'hier, «s'entremêlent» au sud du pays. Le Comité national pour la défense des droits des chômeurs (CNDDC) a appelé à un rassemblement aujourd'hui à Ouargla, non pas pour réclamer seulement des emplois pérennes et une politique «juste» en matière de recrutement, mais pour désormais exiger «une commission d'enquête nationale» pour «démasquer» les instigateurs des évènements douloureux qu'a connus la ville suite à la publication des listes des bénéficiaires de logements sociaux. Ceci au moment où le secteur de l'éducation connaît lui aussi des turbulences et des arrêts de travail qui ajoutent du suspense à la situation plutôt tendue. Le CNDDC de Ouargla est cette fois-ci soutenu par les «notables», nous explique Abdelkader Aïbek, membre actif de ce comité, qui exige «la vérité» sur les évènements de Ouargla. «Nous exigeons une commission d'enquête nationale», peste Aïbek, en vue de «démasquer» les responsables des évènements fâcheux de la semaine dernière. «Ceux qui sont responsables doivent payer», nous dit-il, insistant sur le caractère pacifique de l'action. Ce que nous ont affirmé avant-hier les citoyens ouarglis est confirmé par notre interlocuteur. «Il y a une mafia qui a tiré les ficelles», atteste-t-il sans toutefois aller jusqu'à la «démasquer» se contentant d'affirmer que les responsables des évènements sont «connus». Le jour de la présentation des dizaines de personnes arrêtées pendant les «émeutes du logement», le CNDDC avait tenu, rappelons-le, un rassemblement devant le tribunal de la ville en soutien aux «innocents», selon les animateurs du mouvement qui exigent aujourd'hui des autorités centrales «toute la lumière sur les évènements et des sanctions sévères à l'encontre des personnes impliquées». Cette «mafia», qu'on dit proche du milieu des affaires mais aussi les élus locaux et nationaux cités çà et là comme étant «sérieusement impliqués», ainsi que des administrateurs «peu soucieux du devenir des citoyens». Des citoyens dénoncent Les quelques citoyens justement avec lesquels nous nous sommes entretenus appréhendent cette période d'autant qu'ils ne savent plus «par où commencer». «Notre sécurité est même menacée», lance un père de famille qui souhaite que ses deux enfants puissent reprendre le chemin de l'école d'ici dimanche. «En plus des tensions dues aux manifestations des chômeurs et tout récemment aux émeutes des mécontents des programmes de logements, les enseignants s'y sont mis de la partie», dit-il même s'il comprend parfaitement «la justesse de leurs revendications salariales». «Ce n'est tout de même pas le moment», commente le même père de famille. «Chacun cherche ses intérêts personnels», le coupe son voisin avant de faire remarquer que le «timing» choisi pour toutes ces manifestations n'est pas fortuit. Secteur de l'éducation dont le Cnapest est le syndicat le plus représentatif à Ouargla, nous indique-t-on, sans-emploi en quête de «reconnaissance et de justice», demandeurs de logements «vrais ou faux» qui tentent de mettre la pression mais aussi demain qui sait, d'autres secteurs qui n'attendent qu'«un signe» d'on ne sait où, pour s'investir dans le champ de la contestation. C'est dire que la tension est toujours vive et les risques de débordement aussi. Les appels à la raison ne suffisent pas. Les autorités concernées sont «averties». D'autant que «les retards et les tares étant reconnues, c'est le moment d'agir sinon…», résume un militant des droits de l'homme. Le message est on ne peut plus clair.