Sans l'aval du ministère du Commerce, certains boulangers ont décidé d'augmenter le prix de la baguette à 10 DA. Bien que cette action soit illégale du fait que le prix du pain est fixé par la réglementation à 7,5 DA pour le pain ordinaire et à 8,5 DA pour le pain amélioré, les boulangers qui ont augmenté le prix disent assumer leurs responsabilités et sont prêts à en subir les conséquences, a indiqué hier Youcef Kalafat, président de la Fédération nationale des boulangers. Animant une conférence de presse au siège national de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), M. Kalafat a soutenu que «l'ensemble des boulangers seront solidaires si des sanctions sont infligées à leurs collègues en infraction. Si une décision de fermeture venait à être décidée à l'encontre de l'un d'entre eux, ce sont tous les boulangers qui fermeront par solidarité», a-t-il menacé, insistant qu'il s'exprimait en sa qualité de boulanger et non de président d'une organisation professionnelle. Paradoxalement, il a relevé que la fédération se démarque de cette hausse, mais dit comprendre la décision de ces boulangers car le prix actuel du pain est nettement dépassé. Au nom de la fédération, il a appelé cependant «la corporation à revenir sur cette disposition et d'attendre les décisions du gouvernement» qui tranchera sur la question après l'étude des résultats de la commission nationale intersectorielle sous l'égide du ministère du Commerce qui a enquêté sur le prix de revient du produit à travers les quatre régions du pays. Cette commission a conclu que le prix de revient de la baguette varie entre 9,5 et 10,5 DA, a indiqué M. Kalafat. Les boulangers tiennent à une marge bénéficiaire de 20% qu'ils ne réalisent pas actuellement en raison de la hausse des différentes matières premières et des autres intrants. La fédération a proposé au ministère du Commerce de leur fournir une farine contenant des fibres à 1500 DA au lieu de la farine panifiable à 2000 DA et d'exonérer les autres matières premières de la TVA. Sans ces deux mesures, les boulangers n'accepteront pas de continuer à vendre le pain au prix actuel et la hausse serait «inévitable». Se démarquant de l'appel à la grève du 23 avril à laquelle ont appelé certains boulangers «anarchistes», selon M. Kalafat, la fédération a convenu de «temporiser et d'attendre les décisions du gouvernement jusqu'à la fin du mois en cours avant d'entreprendre une quelconque action». Celle-ci sera décidée par le conseil national de la fédération avant d'être entérinée par l'UGCAA. «C'est en fonction des décisions du gouvernement que les décisions seront prises», a-t-il souligné, sans écarter le recours à la grève en cas de non-satisfaction des revendications de la corporation. Pour rappel, la commission intersectorielle, installée en mars dernier et composée de représentants des ministères du Commerce, des Finances et de l'Agriculture, de la Fédération des boulangers, de l'Office algérien professionnel des céréales (OAIC) et du groupe industriel Eriad, avait entamé en mars dernier des visites dans les boulangeries des wilayas du Nord, du Sud, de l'Est et de l'Ouest du pays pour évaluer le prix réel de la baguette de pain. C'est sur la base de ses conclusions que le ministère du Commerce devait adresser un rapport à soumettre aux services du Premier ministre.