En nous rendant au CHU Nedir-Mohamed de Tizi Ouzou en ce deuxième jour de grève dans le secteur médical qui touche principalement les corps communs des travailleurs du CHU, sous la houlette de la section syndicale de l'UGTA, et les paramédicaux, on a remarqué d'emblée de longues banderoles accrochées aux quatre vents qui annoncent aux malades et à leurs parents le mouvement de grève en question, ainsi que les slogans des grévistes. Sur les lieux, nous avons constaté de visu l'état des lieux, plus précisément la prise en charge du malade, premier élément affecté par ce débrayage. Au service des urgences, on tente tant bien que mal de répondre à la forte demande en soins. Les hommes et femmes en blouse blanche sont dans une fourmilière. Questionnée brièvement sur la surcharge du travail en ce jour de grève, alors qu'elle se précipitait pour se rendre au deuxième bloc des urgences, l'une des infirmières dira à bout de souffle : «Nous sommes un peu dépassés, comme chaque jour, sachant que c'est un service qui reçoit un nombre important de malades quotidiennement, mais il est vrai que la grève a accentué cette surcharge étant donné que nous assurons un service minimum. Les infirmiers sont appelés à répondre aux besoins des malades bien qu'ils soient en grève.» Sur son chemin, une deuxième infirmière, l'accueillera avec des dossiers, en paquet de dix, appartenant aux patients qui attendent leur prise en charge. Les jours s'annoncent plus surchargés étant donné que les paramédicaux déploient depuis hier une banderole sur laquelle il est écrit «grève illimitée». Rencontré au niveau du CHU, l'un des membres du conseil national du Syndicat algérien des paramédicaux (SAP), en l'occurrence M. Krimèche, déclarera d'emblée que «c'est le ministère de la Santé qui condamne le malade !». En effet, conscient de l'ampleur que leur mouvement de grève prendra, il accentuera ses dires un peu plus loin. Cependant, le syndicaliste, qui rappellera que leur mouvement est considéré comme légitime par le ministère, se demande pourquoi ce dernier ne répond pas dès lors à leurs doléances. «Ils savent très bien que le citoyen en paie le prix que ce soit par la grève ou par la non-satisfaction de la plateforme de revendications, car celle-ci touche de près la vie du malade», s'expliquera-t-il. Et d'ajouter : «L'amélioration du niveau de formation des paramédicaux est primordiale. Nous ne sommes plus à l'époque antique où l'infirmier se limite à changer les pansements et attendre l'avis d'un médecin pour un diagnostic primaire. De ce fait, les médecins pourront s'occuper de la recherche et des cas les plus importants.» Les paramédicaux, qui n'en sont d'ailleurs pas à leur premier mouvement de débrayage, annoncent une grève illimitée depuis hier. Ils réclament entre autres à leur tutelle, «l'élaboration dans les délais du dispositif portant intégration des paramédicaux brevetés conformément à la date du statut et notamment le respect de la clause portant extinction de ce corps», «mise en application effective et normalisation des postes supérieurs conformément au statut» ou encore «définir un calendrier de travail relatif à la mise en œuvre du plan de carrière inexistant, des paramédicaux de santé publique». En grève, mais à leurs postes Le même interlocuteur que nous avons apostrophé au sujet de ce mouvement, et plus précisément la prise en charge des malade, tente de rassurer : «Nous avons certes enclenché une grève illimitée, mais en aucun cas nous ne pouvons abandonner le malade des services les plus délicats, notamment les urgences, le service oncologie, etc., car c'est d'abord une histoire de conscience. Les infirmiers sont alors postés dans ces services-là, tout en portant des badges mentionnant qu'ils font grève. Si la tutelle s'entête davantage, nous allons mettre en place d'autres moyens de pression», termine-t-il. En poursuivant notre tournée dans les différents services, nous avons constaté que les laboratoires et les consultations sont à l'arrêt. Les malades sont donc contraints de se diriger vers les cabinets médicaux privés. «Je viens pour un prélèvement sanguin. Où dois-je m'inscrire», demande une dame d'un âge avancé au réceptionniste. Elle sera finalement orientée vers un laboratoire privé.
Les corps communs en débrayage de trois jours… Les corps communs des travailleurs au CHU de Tizi Ouzou affiliés à l'UGTA sont eux aussi en grève pour la quatrième semaine. Ils réclament entre autres «la suppression de l'article 87 bis», «l'intégration des corps communs dans le secteur de la santé», «la confirmation des CDD à temps partiel au rang de CDI», «une prime de rendement au taux de 45%», «une prime de responsabilité pour les corps commun», etc. Le porte-parole des grévistes mentionnera que des éléments des corps communs qui travaillent depuis plus de 25 ans ont toujours un salaire indécent qui ne dépasse pas les 20 000 DA le mois. Il est à noter, par ailleurs, que les grévistes reviendront à la charge le 5 mai prochain pour une grève de quatre jours avant d'organiser une réunion avec le comité national le 9 mai prochain.