Au troisième jour des contestations, et à défaut d'un dialogue, les paramédicaux menacent d'une grève ouverte et les médecins menacent à leur tour d'une grève. Répondant favorablement au mot d'ordre du Snapap, le personnel paramédical et les corps communs de l'hôpital pédiatrique d'El Bouni ont poursuivi leur mouvement de grève où tous les services ont été paralysés, sauf le service minimum qui a été assuré. Sur la base d'une plate-forme de doléances et un préavis de grève dont nous détenons les copies respectives, les grévistes envisagent d'entamer un débrayage ouvert si aucune suite n'est réservée à leur action. Selon la secrétaire générale de la section syndicale de Annaba, relevant du Snapap, «la fin du mois est l'échéance lancée à la tutelle pour prendre en charge les doléances qui sont d'ordre professionnel. Si rien n'est fait, le mois de février sera un mois ouvert», dira notre interlocutrice. Les contestataires réclament la prime de contagion, la révision de la grille des salaires, l'abrogation de l'article 87 Bis, la permanisation des contractuels, dont certains d'entre eux ont plus de 15 ans et perçoivent 8000 DA, selon l'ensemble du personnel médical. Aussi, les contestataires demandent, entre autres points revendiqués, l'instauration du dialogue avec la tutelle pour pouvoir débattre les points de la plate-forme de revendications et par là, trouver un dénouement à cette situation conflictuelle, qui, en réalité, ne pénalise que le malade, les enfants et les mamans, notamment. Selon certains grévistes apostrophés, la situation va vers le pourrissement. «Cette institution hospitalière n'est plus en mesure d'assurer un traitement adéquat, elle accueille sept fois plus que sa capacité initiale», dira cette jeune infirmière. «Dans cette situation, le malade est victime d'indélicatesse générée par certains comportements des citoyens en l'absence d'un bon système de sécurité», devait ajouter cette jeune recrue du paramédical. Le dispositif sécuritaire de cette institution de santé qu'est l'hôpital Abdallah-Nouaouria d'El Bouni, revient, aussi bien pour le personnel paramédical, que pour les médecins exerçant. Ces derniers, au sein du même établissement, ont observé, hier un sit-in, en guise de protestation, contre le manque de sécurité. La goutte qui a fait déborder le vase est due au fait qu'un médecin pédiatre a été victime d'une agression en présence d'un agent de sécurité qui, lors de l'acte, n'a pas réagi. «Durant les gardes, les agents de sécurité sont soit absents, soit endormis, pendant que le médecin de garde est confronté à tous les dangers, surtout pour une femme, dans un milieu hostile, qu'est la Sonatiba», nous confie ce médecin. Les médecins de cet hôpital sont victimes de la qualité de leur prise en charge, ce qui provoque une déferlante de malades en tous genres. «Nous avons des urgences pour enfants, c'est un hôpital pédiatrique, mais les gens ne veulent pas comprendre, ils viennent même pour de petits bobos, alors qu'un enfant épileptique est prioritaire en matière de prise en charge urgente», devait bien expliquer le médecin-chef. Ainsi, les revendications de ce corps médical, résident en tout premier lieu en la révision de la hiérarchie sanitaire, par rapport à cet établissement. En effet, la capacité d'accueil est de plus en plus incapable de satisfaire la demande de prise en charge des patients. Dans cette optique, il est fait état de 7 000 consultations par mois effectuées par un staff médical, dépassé par les affres d'une profession qui ne trouve son élan que dans cet hôpital. Cela est contraire aux différentes infrastructures de santé, réparties à travers le territoire de la wilaya, les CHU, entre autres, où l'afflux des malades diminue chaque jour un peu plus. Au moment où nous mettons sous presse, la rédaction d'une plate-forme de revendications s'effectue en perspective d'un mouvement de contestation. Ainsi, un véritable bouillonnement s'est emparé depuis quelques jours du secteur de la santé de la wilaya de Annaba où au vu de la situation prévalant, les autres points de santé menacent d'engager à leur tour une grève générale illimitée où même le service minimum ne sera pas assuré.