L'Union nationale du personnel de la santé affiliée au Snapap a appelé ses adhérents à se mobiliser du 20 au 22 mai. Cet appel intervient après un délai de 10 jours accordé au ministre de la Santé afin qu'il prenne en charge leurs doléances. Selon Hadj Saïd Abderrahmane, chargé de la communication au bureau de la wilaya d'Alger du Snapap, le ministre a adopté une démarche qui va à l'encontre du dialogue social, et ce, en continuant d'opter pour le mutisme au lieu de répondre aux nombreuses sollicitations de la Fédération nationale de la santé. «Pire que cela, il a jeté de l'huile sur le feu en décrétant que le dossier concernant les primes de contagion et de permanence pour certains travailleurs des corps communs est clos. Ces déclarations sont irresponsables car nous demandons la généralisation de cette prime à tout le personnel au vu des risques qu'ils encourent. Le durcissement de ton de la part du ministre nous a surpris mais nous sommes déterminés à aller au bout de notre lutte car nous jugeons que le dossier concernant ces doléances est loin d'être clos. De plus, tous les corps de la santé mécontents de l'indifférence du ministre débrayent depuis quelques semaines à tour de rôle mais si nos dates commencent à concorder, le secteur sera vraiment paralysé et c'est peut-être ce que cherche notre tutelle. Toutefois, nous ne voulons pas en arriver là, la balle est donc dans le camp de la tutelle», a-t-il déclaré, ajoutant que «si le ministre cherche une réelle amélioration du secteur, il doit prendre en charge les revendications des travailleurs». Estimant que le mouvement risque de se radicaliser au vu du mécontentement des adhérents, il a fait savoir que «si le taux de participation à cette grève est supérieur ou égal à 80%, cela signifiera que notre base a largement adhéré à cette initiative et dans ce cas, nous envisagerons d'autres actions. Personnellement, je pense que nous devrions opter pour une grève cyclique et organiser des sit-in devant le ministère de la Santé chaque samedi. Alors bien sûr, on nous signifiera que le patient va être sacrifié mais nous allons comme à l'accoutumée assurer un service minimum, et cette fois-ci, nous serons même mieux organisés car des commissions de suivi du service minimum vont être mises sur pied», a-t-il expliqué. En outre, il a regretté que le budget alloué au secteur ne puisse pas permettre de payer plus décemment les travailleurs. «Si des sommes sont détournées, il faut le signaler. Nous ne demandons pas l'impossible, nous réclamons plus de justice sociale, des conditions de travail et des salaires décents», a-t-il dit. Le mouvement au sein de l'enseignement supérieur radicalisé Pour sa part, l'Union nationale des personnels de l'enseignement supérieur a d'ores et déjà radicalisé son mouvement. En effet, lors d'une réunion le 8 mai, les membres de la fédération nationale du secteur ont décrété une grève cyclique de trois jours illimitée les lundi, mardi et mercredi à compter du 20 mai, et ce, même durant la période des examens. M. Seddiki, membre du bureau national chargé de la fédération de l'enseignement supérieur au Snapap, explique cette radicalisation par la désinvolture de leur tutelle. «Nous avons débrayé en de nombreuses reprises sans que la tutelle nous sollicite pour des pourparlers. Nous lui avons adressé un courrier mardi et depuis, aucun écho. Nous sommes vraiment négligés alors que nous sommes un partenaire social», a-t-il déploré, regrettant par ailleurs que le ministre ait convoqué hier les représentants de l'UGTA pour une réunion dont il ignore l'ordre du jour. «Ce syndicat n'a aucune représentativité dans notre secteur et il est considéré comme seul partenaire social pour nous, c'est du mépris d'autant que la Constitution consacre le multisyndicalisme. En réponse à cela, nous comptons empêcher la tenue des examens et des cours de fin d'année», a-t-il affirmé. Interrogé sur les répercussions de cette action sur les étudiants, M. Seddiki a considéré qu'il fallait que les sections syndicales de chaque université fassent de la pédagogie auprès des coordinations estudiantines afin de leur expliquer une telle option, tout en soulignant qu'elles risqueraient de ne pas la comprendre au vu des enjeux des examens de fin d'année. «Nous avons décidé de faire pression sur notre tutelle et si elle continue à faire la sourde oreille, nous allons même empêcher la tenue des inscriptions des nouveaux bacheliers en juillet», a-t-il affirmé, ajoutant qu'à la fin du mois, tous les secteurs de la Fonction publique affiliés au Snapap comptent organiser une action coordonnée et de grande ampleur, à savoir un sit-in, au niveau du palais du gouvernement ou du ministère du Travail, et ce, pour marquer leur réprobation face au mutisme de leurs tutelles respectives.