Allié de Abdellilah Benkirane au gouvernement, le parti Istiqlal marocain, qui n'en est pas à sa première bévue, récidive encore en moins de 10 jours, en réclamant la «reconquête» de Tindouf, notamment, et en accusant cette fois-ci les membres du gouvernement marocain d'avoir «failli» à leur mission, celle de récupérer le Sahara oriental «occupé» par l'Algérie. Une sortie pour le moins «incongrue», à l'heure où la communauté internationale, les Etats-Unis notamment, ne défendent plus comme ils le faisaient avant avec acharnement le plan d'autonomie marocain, optant plutôt pour une solution onusienne comme l'a de tout temps souhaitée l'Algérie. Hamid Chabat, secrétaire général de l'Istiqlal qui avait déjà «récidivé» la semaine dernière en demandant à l'Algérie de restituer au Maroc Tindouf, Colomb Béchar, Hassi Baida et Kenadsa, reproche cette fois-ci aux ministres du gouvernement Benkirane d'avoir manqué à leur devoir quant à la cause nationale de la récupération du Sahara oriental, «occupé» par l'Algérie. Le leader du parti islamiste répondait ainsi à certains ministres marocains qui disaient que la question du Sahara occidental serait un «dossier caduc», rapporte le quotidien arabophone marocain El Massae, dans son édition du lundi 13 mai. Il ne demandait pas moins que la question de la récupération de Tindouf, Béchar, Kenadsa et Hassi Beida, ainsi que d'autres régions du Sahara oriental (marocain selon lui) soit introduite à l'ordre du jour d'une réunion du gouvernement, rapporte El Massae. Les dernières sorties de Chabat, largement condamnées par des officiels et autres partis algériens, sont d'autant plus «nuisibles» au voisin marocain dont la situation interne n'est pas du tout reluisante. Amar Belani, porte-parole du ministère des Affaires étrangères, a qualifié, selon TSA, de «tartarinade» les déclarations de Chabat. «Les bravades sont des discours frivoles, disait Corneille, et dans ce cas précis, elles sont vaines et inconséquentes. En somme, une nouvelle tartarinade digne d'un mauvais Alphonse Daudet, avec le burlesque en moins», a déclaré M. Belani. A Rabat même, le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, avait qualifié lors d'une rencontre de l'UMA, l'appel de Chabat «d'inacceptable». En plus de la question du Sahara occidental dont il fait désormais son cheval de bataille, le secrétaire général de l'Istiqlal avait menacé de «quitter le gouvernement» si ses «exigences» ne sont pas prises en compte. Une menace qui a fait réagir le roi Mohammed VI, en voyage à l'étranger, exhortant l'Istiqlal de revoir sa position. Le roi Mohammed VI a en effet contacté le patron de l'Istiqlal, le principal allié du PJD de Benkirane, pour l'exhorter à rester au gouvernement, a indiqué dimanche le porte-parole du parti, selon qui la décision de retrait reste pour l'heure maintenue. Le conseil national de l'Istiqlal a décidé samedi du retrait de ce parti conservateur du gouvernement ouvrant la voie à un remaniement, voire à des législatives anticipées. Ce que craint le souverain marocain qui a contacté par téléphone Hamid Chabat, dans la nuit de samedi, pour l'«exhorter à maintenir nos ministres au sein du gouvernement», a toutefois affirmé Adil Benhamza, porte-parole de l'Istiqlal. «Nous allons demander à nos ministres de gérer les affaires courantes dans l'attente du retour du roi», qui se trouve actuellement en voyage privé à l'étranger, a poursuivi M. Benhamza. «Pour l'heure, notre décision n'a pas été retirée», a-t-il précisé. Le Makhzen fait tout pour déstabiliser l'Algérie en actionnant par exemple un chef salafiste qui a demandé à travers une lettre ouverte répercutée par la presse marocaine au président algérien, actuellement à l'étranger pour soins, de… se «repentir», l'accusant d'«alimenter les séparatismes au Sahara marocain». Une façon de détourner les regards vers le voisin de l'est alors que le Maroc, désavoué internationalement et au plan interne prend eau de toutes parts.