Hamid Chabat, le nouveau patron de l'Istiqlal et le roi Mohammed VI Le secrétaire Général du parti marocain l'Istiqlal, a pris l'engagement d'évoquer au sein du gouvernement dont il fait partie, la question de ce qu'il qualifie de «territoire marocain usurpé» par l'Algérie. Gare au grand écart! L'Algérie réagit et a mis en garde. «Ce responsable qui a déjà tenu des propos similaires dans un passé récent, serait bien avisé de ne pas persévérer dans la provocation et l'aventurisme qui consistent à contester la convention relative au tracé de la frontière d'Etat établie entre la République algérienne démocratique et populaire et le Royaume du Maroc, signée le 15 juin 1972 et qui comporte des cartes annexées à la convention et qui a fait l'objet d'enregistrement auprès du secrétariat général des Nations unies.» a averti le porte-parole du ministère algérien des Affaires étrangères, Amar Belani. Un chien qui aboie ne mord pas dit-on...mais il faut cependant se méfier de lui. C'est la position qu'il est convenu d'adopter par rapport à Hamid Chabat, le nouveau patron de l'Istiqlal. Les relations algéro-marocaines sont exécrables. C'est le moment choisi par le député-maire de la ville de Fès pour bomber le torse, hausser le ton d'un cran et revendiquer une partie du territoire algérien. Un fantasme qui ne peut se réaliser que par l'utilisation de la force et à condition que les Algériens restent les bras croisés... La question se pose donc légitimement désormais: le Maroc veut-il la guerre? Elle est d'autant justifiée que les déclarations du patron de l'Istiqlal ont été répercutées par la presse marocaine sans que le gouvernement islamiste (au sein duquel il siège avec pas moins de six ministres) qu'il n'a pourtant pas épargné, ne s'en offusque. «La récupération de ces territoires (Tindouf, Béchar, Kenadsa, dixit Hamid Chabat Ndlr) est une exigence du peuple marocain» a déclaré le leader marocain «qui a nié que cette proposition pouvait aggraver encore plus la crise entre les deux pays voisins, suite aux derniers développements de l'affaire du Sahara, martelant que le Maroc est chez lui, dans son Sahara marocain et que le problème aujourd'hui des Marocains concerne le Sahara oriental, qui est un territoire marocain que l'Algérie continue de coloniser» a rapporté, le 2 mai 2013, sur son site, le quotidien marocain d'information Lakome. Ridicule, incohérent, mais surtout irresponsable de la part d'un dirigeant d'un parti politique de la pointure de l'Istiqlal. Le ministère algérien des Affaires étrangères a tenu à lui faire la leçon: «Les propos attribués par les médias marocains au secrétaire général du parti de l'Istiqlal sont particulièrement graves et inacceptables. Ils constituent une dérive dangereuse et irresponsable que nous condamnons avec la plus grande force», souligne le communiqué du porte-parole du MAE. «La souveraineté, l'intégrité territoriale et l'intangibilité des frontières de l'Algérie ne sauraient, en aucune manière et sous aucun prétexte, faire l'objet de manoeuvres partisanes ou politiciennes irréfléchies qui minent le bon voisinage.» a prévenu Amar Belani. Il faut rappeler que ce n'est pas la première fois qu'un secrétaire général de l'Istiqlal s'adonne à ce type de déclarations belliqueuses. «L ́Istiqlal reste attaché au droit du Maroc vis-à-vis de son Sahara oriental», avait dit l'ex-Premier ministre marocain, Abbas El Fassi, lors de la tenue du 15e congrès du Parti nationaliste de l ́Istiqlal (PI) qui s'est tenu au début du mois de janvier 2009. L'ex-Premier ministre marocain avait revendiqué, à l'époque, le rattachement de Tindouf au Royaume marocain. Trois ans plus tard, l'Istiqlal bégaie de nouveau. Une sortie médiatique qui, en fait, cache mal une grave crise politique qui couve au sein d'un exécutif marocain hétéroclite. L'actuel chef du gouvernement marocain, Abdelilah Benkirane, a subi, encore une fois, les foudres du nouvel homme fort de la seconde force politique du Royaume (détrôné par le PJD lors des élections législatives du mois de novembre 2011), à l'occasion de la célébration du 1er Mai, en l'accusant de mener une politique «politicienne et électoraliste». Le SG de l'Istiqlal serait-il revanchard au point de vouloir faire éclater l'actuel gouvernement? Il est fort probable que celui qui a débuté comme ouvrier d'une usine de montage de motocyclettes à Fès et qui a gravi, sans doute, trop vite les échelons, n'ait les yeux plus gros que le ventre pour se voir à la tête de l'Exécutif en cas d'élections anticipées. Ce qui serait en soi une mauvaise nouvelle pour l'Algérie...