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L'anonymat sur Internet ou le monde du tout possible
Contribution
Publié dans Le Temps d'Algérie le 18 - 05 - 2013

A travers cet article, nous nous proposons d'observer la manière dont prennent forme les communications médiatisées par ordinateur (CMO) chez les Algériens car si les internautes s'engagent sur la grande Toile pour différentes raisons, la plupart se méfient de ce «virtuel» qui permet l'anonymat.
Cette appréhension vis-à-vis de la Toile nous a conduit à entreprendre une démarche de recherche exploratoire auprès des tchatteurs algériens pour comprendre la signification sociale de l'utilisation des TIC dans le contexte algérien. Il était aussi important de connaître les postures de départ des internautes qui ont recours aux CMO pour savoir si elles sont utilisées simplement en tant que mode de communication ou si elles sont porteuses d'indicateurs de changement dans la société algérienne.
Tension et ajustement entre le réel et le virtuel
En effet, grâce à l'anonymat, les internautes peuvent choisir de ne pas divulguer leur identité ou même de se faire passer pour ce qu'ils ne sont pas.
Ils n'ont pas à avoir honte d'aborder tous les sujets - même les plus sensibles - car ils ne risquent pas de rougir ou de perdre la face. Ils peuvent discuter des sujets qui s'opposent parfois aux mœurs collectives sans nécessairement ressentir le poids de la contrainte sociale et la pression du groupe en parlant de politique, de sexe, d'amour et de rencontres par exemple, comme de banals sujets de conversations. Ils peuvent parler avec des inconnus sans prendre le risque d'être montrés du doigt ou d'être jugés et peuvent découvrir sur la Toile ce que leur entourage ne leur procure pas.
En effet, ce qui peut être abordé par certains sans que cela ne s'oppose avec les valeurs auxquelles ils sont attachés, est inconcevable pour d'autres, ce qui démontre la différence dans les points de vue des tchatteurs et l'hétérogénéité des profils dans une société où il n'est pas d'usage de parler des sujets considérés comme tabous. Toutefois, si les individus peuvent aborder différents domaines, ils ont conscience que s'ils en parlent, c'est parce qu'ils sont dans un «espace» où il est plus facile de le faire.
L'anonymat donne ainsi lieu à des jeux auxquels se livrent certains internautes pour s'amuser des autres ou pour comprendre leur raisonnement et ils trouvent avec le tchat une nouvelle forme d'interaction qui leur permet de ne pas tout dire ou de mentir sur eux-mêmes en ayant recours au changement d'identité que le Net permet. Les internautes entrent en contact avec d'autres correspondants à l'intérieur comme à l'extérieur du pays, ce qui permet aux adultes, aux plus jeunes, aux hommes et aux femmes l'opportunité d'avoir une certaine intimité virtuelle.
Les perspectives qu'offre le Net
Dans «le monde» d'Internet, la distinction entre les genres et les âges n'est pas visible puisque les hommes, les femmes, adultes et plus jeunes cohabitent dans cet espace qui leur propose de se connecter dans l'anonymat. Toutes les catégories d'âge des deux genres peuvent se connecter sans se soucier du regard des proches ou de celui de la société. Ce sont des individus –produits de leur société– enclins à la pudeur (el hechma) et soucieux de l'interdit (ma lazemch), du proscrit (haram) et de la honte (aïb) qui se connectent.
Ils sont confrontés aux opportunités qu'Internet propose «en bien ou en mal» et peuvent en profiter pour contourner les règles établies en adoptant des attitudes que les normes sociales ne permettent pas. D'ailleurs, c'est justement au niveau de ce qui est permis et de ce qui ne l'est pas que réside l'enjeu principal dans une société où les rapports de pouvoir sont définis par le genre ou par l'âge.
L'anonymat que propose Internet permet à certains de jouer sur cette façade pour échapper au contrôle dont ils sont l'objet. Ainsi, Internet offre aux acteurs –qui vivent la séparation entre les genres– la possibilité d'adopter une identité pour se «fondre» dans un espace où les différences ne se voient pas.
Les Algériens ne sont pas de simples consommateurs passifs, mais des individus qui s'approprient un mode de consommation et l'adaptent à un espace qui dispose de sa propre dynamique régulatrice des comportements collectifs. Les individus découvrent ce mode de communication qui leur permet de discuter avec d'autres personnes en Algérie et à travers le monde, car l'idéologie autour d'Internet leur promet d'infinies possibilités pour être interconnectés sans aucune limite.
On peut ainsi observer la carrière des tchatteurs sur la Toile qui se caractérise par «un avant et un après» et qui permet de relever trois phases : une «phase de découverte» qui correspond au début de l'expérience du tchat, une «phase d'expérimentation» qui est transitoire dans le parcours des internautes où ils apprennent à maîtriser les outils avec lesquels ils discutent et construisent petit à petit leur identité sur le Net, et enfin une «phase d'engagement» vers une voie qu'ils définissent eux-mêmes, que ce soit pour la recherche de l'amitié ou de l'amour, l'échange sérieux ou l'amusement.
Les individus créent ainsi leurs manières de consommer et ont la possibilité d'orienter leurs conduites en fonction de leurs besoins. D'ailleurs, si Internet leur permet de faire ce qu'ils veulent loin du regard des autres et d'observer autre chose que le microcosme dans lequel ils vivent, beaucoup considèrent que cette ouverture sur le monde ne se limite pas à une simple recherche de liberté, bien au contraire.
Les Algériens s'approprient à leur manière ce mode de communication et lui octroient une signification qui leur est propre en développant leurs propres usages des différents outils de messageries et s'approprient les nouveaux espaces tel que nous pouvons le constater sur les réseaux sociaux comme Facebook par exemple.
R. B.
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(*) Doctorant en sociologie


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