Le sud libyen est-il en passe de devenir un nouveau «nord du Mali» ? La question mérite d'être posée à la lumière de l'attaque terroriste menée contre le site gazier de Tiguentourine et du double attentat perpétré à l'aube jeudi dernier au Niger. Dahou Ould Kablia, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, avait, rappelle-t-on, annoncé que «les auteurs de l'attaque de Tiguentourine sont venus de Libye». En évoquant le double attentat terroriste perpétré jeudi dernier au Niger, le président nigérien, qui s'exprimait à l'occasion de la célébration du 50e anniversaire de l'Union africaine, a déclaré que «ce qui s'est passé avant-hier (jeudi 23 mai, ndlr), nous conforte dans nos analyses selon lesquelles la situation au Mali ne doit pas masquer ce qui se passe en Libye. Parce que les assaillants, selon toutes les informations que nous avons eues, venaient du sud libyen. Et j'avais déjà prévenu, depuis le début du déclenchement de la crise libyenne, à l'occasion du sommet du G8 qui s'est déroulé à Deauville, qu'il faut éviter que les solutions après la défaite de Kaddhafi soient pires». Pour le président du Niger, «la pire des choses, c'est l'anarchie. Je préfère la dictature à l'anarchie. Et aujourd'hui, la situation est très difficile. Je sais que les autorités libyennes font le maximum pour la contrôler. Mais le fait est que la Libye continue d'être une source de déstabilisation pour les pays du Sahel». En Libye, les autorités, par le biais du Premier ministre Ali Zeidan, avaient annoncé, il y a quelques semaines, que plusieurs voitures piégées et autres engins explosifs ont été découverts et neutralisés ces deux derniers jours dans le pays. Ali Zeidan n'avait pas donné davantage de détails, tout en soulignant «la volonté des autorités de déjouer toute tentative de déstabilisation du pays». Peu de temps auparavant, l'explosion d'une voiture piégée à Benghazi avait fait 3 morts et 14 blessés, mais les autorités ont affirmé privilégier la thèse de l'accident, rappelle-t-on. Le 23 avril, un autre attentat à la voiture piégée avait visé l'ambassade de France à Tripoli, blessant deux gendarmes français et des Libyens, et provoquant d'importants dégâts matériels. Face à l'insécurité, Londres et Washington avaient décidé d'évacuer une partie du personnel de leurs ambassades à Tripoli, où d'autres chancelleries occidentales ont réduit leurs effectifs. Des observateurs de la scène sécuritaire dans la région alertent, eux, sur «la volonté des groupes djihadistes» de se redéployer au sud de la Libye, fuyant l'offensive militaire lancée à leur encontre par l'armée française et des armées de pays africains au nord du Mali. Un pari en grande partie réussi par Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao) et les éléments de Mokhtar Belmokhtar, puisque ces nébuleuses ont réussi à préparer ces attentats à partir du sol libyen où, selon ces observateurs, ces djihadistes ont pu ériger des camps d'entraînement en passe de remplacer ceux installés, préalablement, au nord du Mali. L'instabilité politique et l'insécurité en Libye, de même que l'immensité du territoire, favorisent, grandement, l'installation de ces djihadistes dans cette partie du territoire libyen.