Mai est le mois des senteurs, des fleurs et des joies. C'est le cœur du printemps. Il est très apprécié partout dans le monde, du moins dans l'hémisphère nord, car dans l'autre moitié de l'astre, Dame Nature s'apprête à entrer en hibernation. En Algérie, mai est le mois de la joie, des pleurs et, depuis peu, de la… peur ! Pour les studieux, c'est le mois des révisions et des préparatifs aux examens de fin d'année ; il est synonyme de nuits blanches et de rendez-vous à la bibliothèque durant la journée. Pour les cancres, c'est le meilleur moment de faire l'école buissonnière. Au collège, les mauvais élèves trouvent le mois de mai propice pour la cueillette du petai (haricot puant), pour aller ensuite le disperser en classe et faire, ainsi, fuir le prof. Ainsi, bien que le mois de mai soit béni et fleuri, certains disent que c'est le mois qui fait et défait, pour d'autres c'est le mois où les voleurs sont nés, il n'en demeure pas moins, qu'en Algérie, en plus d'être le mois de joie et des pleurs, mai est devenu, avec son 21, le mois de la… peur ! En effet, certaines dates de ce mois restent indélébiles dans la mémoire collective des Algériens. Dans la douleur, nous fêtions la date de son huitième jour, qui chaque année nous rappelait les horribles massacres de Sétif, Guelma et Kherrata, commis par l'armée française sur de paisibles Algériens. D'ailleurs, c'était la seule date de commémoration et du… souvenir ; jusqu'en 2003, où une autre date venait «abîmer» la joie de mai : c'était un certain 21, où un violent tremblement de terre a dévasté toute la région de Boumerdès et la ville des Coquelicots, emportant ainsi des milliers de vies, faisant de nombreux blessés qui porteront des séquelles à vie et laissant d'autres orphelins. Dès lors, le mois de mai et particulièrement la date du 21 sont devenus une véritable hantise pour les Algériens. Et pour cause. Après le séisme de 2003, c'est au tour, dix ans après, jour pour jour, d'un inattendu déluge à venir s'inscrire dans la mémoire collective. Il y a la mort de trois Algériens. Aussi, la date du 21 mai 2013 restera gravée dans le registre des records parce qu'il n'a jamais plu autant. Auparavant, plus exactement en 2009, il y a eu un autre record, tout à fait à l'opposé : un pic de température de 46°C à Alger, jamais égalé par un mois de mai, et étrangement, c'était un 21. De ce fait, après octobre, qui était le mois le plus redouté, car assimilé au mois des catastrophes naturelles (appréhension qui ne repose sur aucune base scientifique), les Algériens, du moins les superstitieux, accueilleront dorénavant le plus beau mois de l'année dans la… crainte ! En ce dernier jour de mai, loin d'être apocalyptique ou de faire des approches similaires aux prophéties de Nostradamus, qui d'ailleurs n'ont jamais été concrétisées, rendons à mai sa gaieté, sa liesse et son droit car, comme le confirme l'adage, «c'est le mois de mai de l'année qui décide la destinée». Il est aussi le mois dont un grand nombre de proverbes, de dictons, de maximes et d'adages lui sont réservés. (voir encadré) Pour cette année, et en ce mois de mai, la nature s'est encore déchaînée, tandis qu'un calme «précaire» a prévalu sur la vie commune des Algériens. Le silence leur a été imposé. C'est la nature qui parle à défaut des personnes, c'est peut-être une nouvelle communication naturelle ou de… nature. En tout cas, Alger a vraiment frôlé la catastrophe. A l'Est et à l'Ouest, la terre a beaucoup tremblé. Les nèfles de Koléa sont déjà «foutues», l'abricot de N'gaous est «gâté», la marmelade coulera à flot et ne restera que la fraise de Skikda pour faire du gâteau. Pour le moment, si jamais au mois de juin il continue à pleuvoir, chaque goutte serait comme un coup de poing, puisque la «chère» cerise de Miliana serait réduite, à moins que celle de Larbaâ Nath Irathen, en décide autrement. Amère ou sucrée, prions donc pour que celle de Tlemcen soit préservée. Cependant, sera-t-elle de nouveau sur le gâteau ? Voici quelques proverbes, dictons, maximes et adages relatifs à la «fraîcheur» de mai, sélectionnés à partir de diverses traditions et cultures à travers le monde «Mai frais et venteux, fait l'an plantureux. Mai frileux, an langoureux. Mai fleuri, an réjoui.» «Mi-mai, queue d'hiver.» «Le blé sera mal nourri, si mai ne voit sa fleur et son épi.» «Quand le raisin naît en mai, faut s'attendre à du mauvais.» «En mai, fleurit le hêtre et chante le geai.» «Lorsqu'il pleut en mai, point de noix au noyer.» «La rosée du mois de mai rend le laboureur gai.» «Quand il pleut les premiers jours de mai, les fourrages rendent amer le lait.» «Quand il pleut le premier jour de mai, les vaches perdent la moitié de leur lait.» «Quand il tonne en mai, les vaches ont du lait.» «Pluie de mai, vache à lait.» «Froid mai et chaud juin emplissent la grange jusqu'aux coins.» «Quand le premier mai la pluie oint, il n'y aura pas le moindre coing.» «Mai pluvieux marie la fille du laboureur.» «Femme de mai plaît toujours.» «Les mariages du mois de mai fleurissent tard ou jamais.» «Si le dicton dit vrai, méchante femme s'épouse en mai.» «Au mois d'avril, n'ôte aucun fil ; en mai, fait ce qu'il te plaît.» «Pendant le joli mois de mai, couvre-toi plus que jamais.» «Plus mai est chaud, plus l'an vaut.»