La prévention est le "meilleur" moyen de prendre en charge le phénomène de la violence contre les enfants, a indiqué Dr Mohamed Chakali qui a affirmé qu'une bonne prise en charge de ce phénomène "requiert des efforts multisectoriels". Dans une déclaration à l'APS, Dr Chakali également sous-directeur chargé de la promotion de la santé mentale au ministère de la santé, de la population et de la réforme hospitalière, a appelé les secteurs concernés à prendre en charge le phénomène de la violence contre les enfants. Il a en outre insisté sur le renforcement de la prévention et la sensibilisation de la société sur ce phénomène qui, "peut détruire la personnalité de l'enfant victime de violence de manière irréversible" si une prise en charge effective n'est pas opérée. Il a, à ce propos, rappelé la mise en place, par le ministère de la santé, d'une commission composée de 10 spécialistes chargée de collecter les documents et autres informations sur les enfants victimes de violence. Cette commission, a-t-il dit, œuvrera en coordination avec d'autres secteurs notamment le ministère de l'éducation nationale, à identifier les agressions commises contre les enfants notamment à travers les unités de dépistage et de suivi au sein des établissements scolaires. Pour Dr Chakali, "la complémentarité" entre les secteurs concernés se concrétisera et se développera avec le temps. Tout en déplorant le silence qui entoure les agressions, notamment sexuelles, faites aux enfants, il a exhorté les familles à sortir de leur mutisme en informant les services spécialisés de la justice et de la sécurité sur ces faits. Le même responsable a affirmé la nécessité de prendre en charge les agresseurs dans les centres de rééducation et à leur prodiguer les soins médicaux appropriés afin qu'ils ne récidivent pas soulignant un projet commun entre les secteurs de la santé et de la justice pour ce faire. Dr Chakali a affirmé que la violence contre les enfants était un phénomène "mondial" qui n'épargne pas la société algérienne. Il a rappelé, à cette occasion, l'expérience initiée par le ministère de la santé, celle de mettre en place de cellules d'écoute et de suivi médical dans de nombreux hôpitaux à travers le pays outre la formation de spécialistes et ce, avant même les derniers événements enregistrés dans certaines régions du pays à savoir l'enlèvement et l'assassinat d'enfants. Le phénomène des agressions d'enfants ne "disparaîtra" pas de la société, selon l'intervenant qui a affirmé la nécessité de renforcer l'expertise médicale dans les centres de santé avant d'orienter les victimes vers des spécialistes. Parmi les établissements psychiatriques qui prennent en charge les victimes de ces agressions Dr Chakali a cité Drid Hocine, celui de Cheraga (Alger), Frantz Fanon à Blida, Djebel El Wahch à Constantine et les établissements d'Oran et de Annaba tout en déplorant l'insuffisance de ces structures de santé et leur concentration dans les grandes villes du nord du pays. Le traitement dispensé par ces établissements consiste en des séances d'écoute des victimes qui font part de leurs souffrances. Ces victimes sont suivies par des spécialistes qui maîtrisent des traitements modernes. S'agissant des violences subies par les enfants, la même source indique que les enfants sont le plus souvent battus et insultés que ce soit à l'école, dans le rue ou dans le milieu familial, précisant que la maltraitance au sein de la famille est rarement déclarée. Dr Chakali a qualifié cette prise en charge de "travail complexe" en dépit de sa "simplicité" apparente, exigeant un corps médical multidisciplinaire (psychologues, assistantes sociales, pédiatres et pédopsychiatres). Concernant les spécialités dans ce domaine, Dr Chakali a relevé des carences au plan de la qualité que le ministère tente de rattraper par la coopération et les échanges avec certains pays développés, a-t-il noté, précisant que les résultats des traitements sont jusque-là "satisfaisants". Les victimes de violence qui se présentent pour la première fois, accompagnées de leur famille, pour un suivi médical reviennent et poursuivent le traitement jusqu'à ce qu'elles retrouvent confiance en elles et se délivrent de leur complexe grâce à la prise en charge et l'orientation qu'elles reçoivent.