Docteur Chakali, psychiatre et responsable de l'organisation de cette rencontre a insisté, dans un entretien, sur la précarité due à la mutation sociale en cours, sur la nécessité de l'intersectorialité seule à même de faire face aux problèmes des victimes de violence. Une cellule d'accueil existe déjà au niveau du chu Frantz Fanon et le dispositif d'assistance psychologique aux victimes révèle cette obligation d'implication de plusieurs secteurs. « Nous n'avons pas encore d'enfants errants dans la rue et nous risquons d'arriver un jour à des situations semblables à celles vécues au Brésil », dira Dr Chakali. Il ira plus loin dans son constat lorsqu'il affirmera : « Nous possédons des infrastructures que nous ne rentabilisons pas, comme il existe un personnel qui ne travaille pas assez et que nous nous devons d'impliquer dans ce projet. » Il révèlera encore le projet parrainé par l'Unicef relatif à une étude sur les malades errants dans la ville de Blida, et Dieu sait qu'ils sont nombreux, et la liaison établie entre la mutation sociale et les problèmes qui y ont découlé, l'existence précaire gagnant de plus en plus du terrain. Dr Chakali révèlera également le projet d'un site web où le dialogue avec les jeunes, les victimes de violence et les échanges d'expérience d'hommes permettront d'affirmer une présence sur le terrain, et il dira que « ce site sera intéressant dans les cas d'inceste car on ne se libère pas facilement devant une présence physique ! » Repenser les services de la jeunesse, du sport et de la culture à travers la présence de compétences à même de juguler ce phénomène - du moins dans sa grande partie - a été une recommandation essentielle qui pourra déboucher sur une dynamique faisant disparaître quelque peu l'oisiveté ambiante, l'ennui après les heures de cours, le regard hagard ou perdu de ces milliers de chômeurs occupant les artères des villes, les lieux publics, errant dans des espaces qui ne sont pas les leurs et proies faciles des magnats de la violence latente de la prostitution, de la drogue ainsi que leur corollaire inévitable comme les agressions physiques, les différents types de vols et, au stade suprême, l'assassinat. M. Ammari, médecin officier de la Protection civile, avait bien expliqué l'évolution de l'agression individuelle en parlant de « la simple estafilade qui est devenue une estocade ». La folie, aboutissement logique de certains types de violence, peut être évitée à travers l'écoute, l'assistance, et il était heureux d'assister à l'issue de la fin des travaux du séminaire tenu juste avant le début du Ramadhan, à l'inauguration d'un centre intermédiaire de cellule d'accueil au niveau de la cité des Bananiers à Blida où les consultations de psychiatrie à l'extérieur du Chu Frantz Fanon peuvent lever le tabou de « Joinville (ancien nom de l'hôpital) = folie » et tenter ainsi la réinsertion sociale. Ce second centre, après celui de Frantz Fanon, permet d'affirmer que c'est la structure qui va vers le malade et non l'inverse. Des ateliers sont prévus pour l'ergothérapie mais l'espace manque et il serait sans doute judicieux de mettre à la disposition de ce centre les espaces de la Maison de jeunes sise juste en face et qui réserve sa grande salle aux fêtes nuptiales, autre phénomène qui mérite de s'y pencher.