On ne peut pas imputer les agressions aux victimes. Après qu'une information faisant état de l'agression d'un médecin et trois infirmiers à l'hôpital Ibn Sina de Frenda, dans la wilaya de Tiaret «par deux assaillants armés de sabres» ait circulé hier, les syndicats de la santé se disent outrés. Le Snpssp et le Snpsp menacent: «Si cette information venait à se confirmer, un mouvement de protestation n'est pas à écarter», a affirmé le Dr Lyès Merabet, président du syndicat national des praticiens de santé publique (Snpsp), joint par téléphone. «On va se concerter (les syndicats de la santé) pour examiner la forme de cette contestation.» Néanmoins, le Dr Merabet affirme que «les agressions sont le quotidien de tout le personnel médical et paramédical. Il faudra traiter sérieusement la question, car il y a des milliers d'autres cas qui passent inaperçus», assure-t-il. «Il ne faut donc pas se contenter de dénoncer ces violences contre les médecins seulement après qu'ils soient commis et médiatisés», a-t-il répliqué. C'est ainsi que les syndicats vont prendre les mesures adéquates pour pousser les pouvoirs publics à prendre leurs responsabilités.«On accuse les médecins et le personnel hospitalier d'être eux-mêmes à l'origine de ces violences en faisant mal leur travail, c'est absolument faux», atteste le président du Snpsp qui toutefois n'exclut pas l'existence de cas isolés. «Comme dans toute corporation, il y a des canards boiteux que nous dénonçons fermement. Mais on ne peut pas imputer les agressions aux victimes», certifie-t-il. Les raisons de ces violences? Alors qui est responsable de ces agressions? «La responsabilité revient aux agresseurs eux-mêmes. On ne peut pas trouver des excuses à ce genre de comportement incivique et d'un autre âge», peste le Dr Merabet. Néanmoins, il pointe du doigt les pouvoirs publics qui n'arrivent pas à assurer la sécurité dans les hôpitaux. «Comme pour tout le système de santé, il y a une défaillance en ce qui concerne la sécurité», s'indigne-t-il. Le Syndicat national des praticiens spécialistes de santé publique (Snpssp) dénonce également les agressions contre les médecins. Son président, le Dr Mohamed Yousfi, monte au créneau pour dénoncer cette situation «qui est le résultat du bricolage qui est fait par les responsables du secteur de la santé». Pour ce syndicat, ce n'est que la suite logique de tous les dysfonctionnements qui règnent dans le secteur de la santé depuis des années. «La multiplication des dysfonctionnements dans le système de santé, particulièrement ces deux dernières années, dysfonctionnements auxquels les personnels de la santé essaient de pallier du mieux qu'ils peuvent tout en essuyant les feux du mécontentement des usagers, et sans jouir pour autant de la moindre considération de la part des pouvoirs publics», explique le Snpssp. «La violence n'est de ce fait qu'un élément de cette chaîne qui est en train de pourrir notre secteur», estime le Dr Yousfi qui néanmoins, rappelle que la violence est devenue un problème sociétal. «Le laisser aller des autorités a fait qu'il se propage vers un secteur des plus vitaux et nobles qui est la santé», souligne-t-il. «Mais ce qui inquiète réellement de nos jours, est que non seulement ces faits sont devenus quasi quotidiens, mais le pas de l'agression physique est de plus en plus souvent franchi, ciblant les blouses blanches sans distinction de sexe ou de corporation», a-t-il fait savoir. «Les personnels des urgences se trouvent le plus souvent livrés à eux-mêmes face à des agresseurs profitant du laxisme des agents censés assurer la sécurité, voire encouragés par une attitude trop conciliante», poursuit-il. «Les médecins et les personnels des secteurs de la santé subissent quotidiennement des violences physiques sans parler des violences verbales qui passent inaperçues tellement elles sont fréquentes», témoigne-t-il encore. «Nous interpellons également à ce propos avec véhémence tous ceux qui sont chargés d'assurer la sécurité des personnels en poste au niveau des structures de santé, les chefs d'établissements à leur tête», lance-t-il comme appel. «Nous sommes livrés à nous-mêmes. Le nombre d'agents de sécurité dans les hôpitaux est insuffisant. C'est le même constat qui est à faire pour les policiers», conclut le Dr Yousfi. Agression d'un médecin à Tiaret Le ministère de la Santé dément Le ministère de la Santé dément catégoriquement l'agression d'un médecin et trois infirmiers au sabre dans l'hôpital Ibn Sina de Frenda, dans la wilaya de Tiaret. «Nous avons contacté les responsables de l'hôpital ainsi que le Dgsn qui ont été surpris par l'information», affirme la cellule de communication du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière. «Il nous ont démenti l'information donnée par un journal électronique», ont-ils conclu.