Les aménagements hydrauliques initiés dans la cadre de la lutte contre le phénomène de la remontée de la nappe phréatique à Ouargla ont eu pour conséquence d'assécher partiellement le chott qui s'étend de l'entrée est de la ville jusqu'à l'extrémité ouest de la palmeraie. Des mesures sont toutefois prises pour la préservation de cette immense étendue d'eau, considérée à juste titre comme l'une des plus importantes zones humides du Sud.Bien que située en plein désert, à quelque 800 km au sud-est d'Alger, la cuvette de Ouargla n'en est pas moins riche en eaux souterraines et de surface. Dans cette immensité sablonneuse du nord du Sahara, traversée jadis par l'oued Mya, la rivière aux mille affluents, l'eau n'a jamais vraiment manqué. Alimentant la population des ksour, irriguant les terres agricoles de l'immense oasis couverte par plus de 500 000 palmiers productifs et abreuvant les innombrables troupeaux d'ovins et de camelins, les eaux de Ouargla sont quasiment inépuisables. Les chotts, ces lacs d'eau salée, font partie du décor naturel de la région et font d'elle une des principales zones humides du pays. Ainsi en est-il du chott de Aïn Beïda dont le plan d'eau s'étend sur plusieurs dizaines d'hectares, une superficie variable selon les saisons, en fonction des apports d'eaux excédentaires d'irrigation ou des pluies, plutôt rares à s'abattre sur la région. En hiver, c'est le trop-plein qui attire quantités d'oiseaux migrateurs, essentiellement les flamants roses, les aigrettes, les hérons cendrés et les cigognes. En été, les fortes chaleurs spécifiques à cette zone bioclimatique, dépassant en certaines périodes les 50°C, contribuent à l'assèchement partiel du lac et impliquent, en conséquence, la désertion des essaims d'oiseaux vers d'autres plans d'eau mais sans pour autant les chasser complètement. On peut, en effet, observer quelques dizaines de flamants roses becqueter dans la vase, pratiquement à toutes les heures de la journée. Le rôle attribué à ce lac par des chercheurs de l'université Kasdi Merbah de Ouargla est, semble-t-il, des plus importants dans la préservation de l'écosystème qu'il constitue et dans l'immensité verdoyante de la palmeraie. Sauf que, notent-ils, depuis le lancement du gigantesque projet d'aménagement hydraulique devant mettre fin à la remontée des eaux de la nappe phréatique, phénomène dont souffre depuis des décennies la ville de Ouargla et ses villages satellites, le chott a subi de graves dommages qui risquent, à terme, de l'assécher entièrement. En cause, les digues et retenues diverses construites dans le cadre du projet en question qui ont tari les arrivées d'eaux excédentaires. L'été dernier, le niveau du lac a considérablement baissé, alors que les travaux d'aménagement hydraulique n'avaient pas encore abouti. Selon les chercheurs, ce risque est à prendre au sérieux, et il est indispensable de mettre rapidement en œuvre les mesures préconisées par les services de la Conservation des forêts de la wilaya. L'inquiétude des chercheurs et des amoureux de la nature semble toutefois exagérée, considérant l'énorme potentiel hydrique de la wilaya de Ouargla, en particulier la présence de nombreux plans d'eau aux alentours immédiats de la ville. En outre, il est attendu la réhabilitation du vaste marécage situé à la sortie ouest de la ville, qui sera agrandi et aménagé par l'Agence foncière locale. Celle-ci prévoit l'aménagement de toute la zone comprise entre le nouveau quartier d'El Khafji et les palmeraies, un espace riche en eaux de surface, en un parc botanique oasien. Le parc englobe, outre les attractions classiques et des commerces de standing, nombre de piscines et bassins naturels où seront introduits des canards, cygnes et poules d'eau.