Qui fait courir les candidats indépendants ? Quelles sont les raisons qui les incitent à lancer des défis aussi colossaux, alors que la plupart sont démunis politiquement et financièrement ? S'il est vrai que l'attrait magique des pouvoirs et des feux de la rampe sont de sérieux arguments depuis que le monde est monde, la frénésie relative qui s'est emparée d'une quinzaine de nos valeureux concitoyens pour la prochaine joute électorale est avant tout un signe de courage, un acte noble de citoyenneté, contrairement à ceux qui véhiculent des écrits décourageants et à la limite du «mépris» à l'endroit de ces candidats à la magistrature suprême. Comme si la politique ou la présidentielle sont l'apanage exclusif de quelques personnalités qualifiées, souvent à tort, de poids lourd. Certes, la popularité, le militantisme syndical ou associatif et un long travail de proximité sont des atouts pour un postulant à un quelconque mandat ou un déclic pour un début à toute carrière politique. Car ceux qu'on doit blâmer, ce sont ces soi-disant poids lourds, chefs de parti ou non, qui aux premières escarmouches battent en retraite, alors que l'essence de leur activisme partisan est de faire de la politique tous les jours et toujours. De plus, ceux qui s'évertuent depuis des mois à nous les présenter comme de bons prétendants omettent de nous signaler que leurs propres organisations ont été sanctionnées par de précédents votes, comme les législatives de 2007, et leurs listes boycottées par l'électorat, alors que ces «chefs» avaient labouré toutes les wilayas pour les défendre. Que peuvent bien attendre les citoyens de ces «chefs» ? Un véritable parcours du combattant C'est sans doute en réponse à cette question que des candidats affublés du titre d'indépendants ont décidé de se lancer dans cette aventure, sachant au préalable que cette présidentielle est un véritable parcours du combattant, n'attendant rien des réseaux de ces partis ni de leurs automatismes électoraux. Le nombre relativement important de ces candidats est une magistrale leçon à ces politiques, un affront aux jeux politiciens malsains et une explication objective et raisonnable à la faillite généralisée des logiques partisanes, telle qu'on a pu entrevoir d'une manière éclatante les conclusions malheureuses lors des législatives et des municipales de 2007. En plus de l'échec de la culture partisane dans notre société, en raison des pratiques antidémocratiques de ces partis, c'est cette crise de confiance qui s'abat sur notre personnel politique, une crise qui met à mal les prétendus charismes et autre aura de ces «chefs» à la recherche d'une popularité introuvable. Si un seul citoyen, bien portant physiquement et mentalement, retire un formulaire de candidature, cela veut dire sous d'autres cieux qu'il y a problème, que ce bonhomme ne se reconnaît dans aucun parti, dans aucune sensibilité, dans aucun… chef. Or, chez nous, l'édition de 2009 enregistre une petite foule de candidats : un médecin, un scientifique, un enseignant, un commerçant, un homme d'affaires, un syndicaliste, voire un courageux chômeur de Mascara. Leur mérite est bien plus grand lorsqu'ils parlent avec passion de leurs programmes, de leurs solutions aux crises qui secouent leur pays, sans faire appel du pied à aucune structure politique pour les aider à atteindre le seuil des 75 000 signatures. Mérite, mais aussi grande leçon d'humilité, de morale et de patriotisme. Même si certains observateurs jurent que ces illustres inconnus n'iront pas plus loin pour diverses raisons, d'autres analystes estiment qu'il s'agit encore une fois, à travers ces actes anecdotiques de quelques téméraires, de réfléchir sur la défaillance des partis politiques et sur une profonde crise de représentativité des citoyens et de larges franges de la société.