On raconte qu'«un jour, une des favorites espagnoles du roi maure Abderraman III fut prise de mélancolie et lui demanda de voir la neige en avril. Voulant satisfaire son caprice, il l'emmena dans la vallée perdue, au pied des monts Gredos dans la région actuelle de l'Estrémadure, pour lui montrer le blanc tapis de fleurs blanches que répandent des milliers de cerisiers en fleurs. La jeune favorite conquise perdit sa mélancolie et le jeune roi ordonna que l'on plante dans son jardin l'arbre qui lui avait rendu le sourire». En Kabylie, la cerise occupe aussi une place prépondérante. Chaque année, elle est honorée à travers l'organisation de fêtes qui lui sont dédiées. C'est ainsi que s'est ouverte, hier matin, la 8e édition de la fête de la cerise à Larbaâ Nath Irathen, 25 km au sud-est de Tizi Ouzou. Placée sous le slogan «Pour une fête de cerise utile», cette fête, à la fois agricole et culturelle, honore ce fruit galbé, charnu, rouge et lumineux qu'on appelle allégrement «le fruit des rois» ou «la muse des artistes». Le coup d'envoi de cette fête organisée par l'Assemblée communale, en collaboration avec la Direction de la culture de la wilaya de Tizi Ouzou, a été donc donné au niveau du centre culturel Ahcène-Mezani de la ville de Larbaâ Nath Irathen. Des expositions et vente de produits artisanaux, tels que le miel, la vannerie sont au programme. La journée s'est poursuivie avec un spectacle de clowns et de magie pour fasciner le jeune public qui était aussi présent lors des festivités. Les conférences ont porté sur «l'agriculture et l'environnement». Depuis hier, la localité de Larbaâ Nath Irathen vibre au rythme des festivités qui honorent ce fruit, introduit dans la région en 1918 par un missionnaire catholique, et qui n'est, malheureusement, pas souvent assez cultivé. Seuls 85 hectares sont exploités avec une production de 20 quintaux à l'hectare, sur une totalité de 384 hectares de terre. Une autre localité fête, elle aussi, la cerise. Il s'agit de celle d'Ath Allaoua à Iboudrarène. Dans les deux régions de Aïn El Hammam et Irdjen, la cerise est cultivée respectivement sur une superficie de 320 et 246 hectares. Ce sont les rares régions de la wilaya à jardiner le cerisier. En effet, la cerisaie régresse d'année en année et l'une des raisons majeures en est un parasite, le capnoïde. Outre ce parasite, les nombreux incendies enregistrés à chaque saison estivale donnent aussi le coup de grâce à la culture de cet arbre mystique. La cerisaie à Tizi Ouzou occupait, jadis, un espace de plus de 300 000 hectares, pour reculer aujourd'hui jusqu'à 1196 hectares, parmi lesquels seulement 911 hectares sont productifs. Ce qui explique d'ailleurs la cherté du fruit, proposé à la vente entre 600 et 700 DA/kg. La volonté pour revaloriser la culture de la cerise ne manque pas. Il y a trois années, la Direction de l'agriculture de Tizi Ouzou a programmé la plantation de 12 400 hectares à travers de nombreuses localités, mais sans donner un résultat satisfaisant.