L'effacement par l'Algérie des dettes de 14 pays africains et de deux pays arabes pour un montant de plus d'un milliard de dollars a suscité le «mécontentement» du parti Mouvement El Islah. Lors d'une conférence de presse animée hier au siège national du parti, le secrétaire général, Mohamed Djahid Younsi, s'est élevé contre cette décision, demandant qui était l'initiateur de cette décision. «Qui a pris cette décision et quel est le rôle du parlement dans ce genre de décision cruciale ?», s'est-il interrogé, ajoutant que «le prêt de cinq milliards de dollars accordé au FMI a été également décidé sans que les institutions de l'Etat ne soient consultées, ce qui est grave». Cette sortie médiatique de M. Younsi rejoint celle du secrétaire général du Mouvement Ennahda, Fateh Rebiaï, qui a critiqué vendredi dernier «l'effacement des dettes de pays africains et arabes alors que certains travailleurs algériens perçoivent des salaires inférieurs à 9000 DA». Par ailleurs, M. Younsi a annoncé l'installation d'une commission nationale chargée de la révision constitutionnelle, composée de parlementaires actuels et d'anciens du parti aux côtés de spécialistes en droit constitutionnel. Cette commission, présidée par le secrétaire national chargé des affaires juridiques et des droits de l'homme à El Islah, présentera son rapport à l'occasion de l'université d'été qu'organisera le parti durant la mi-août prochain. Pour M. Younsi, la révision de la constitution devra précéder les élections présidentielles car c'est un texte fondamental qui définit la distribution des pouvoirs au sein de l'Etat. Un consensus national sur la révision constitutionnelle doit être dégagé à l'issu d'un débat national qu'il faudra engager, a-t-il suggéré. Militant pour un régime parlementaire où sont partagés les pouvoirs, il a jugé que ce régime serait le mieux adapté pour l'Algérie. M. Younsi, qui a fait l'éloge du courant islamiste, a considéré que celui-ci a de tout temps été victime du courant laico-gauchiste qu'il qualifie de " caméléon politique" en raison du changement constant de ses positions depuis la prise du pouvoir après l'indépendance. Sans donner de noms, il a estimé que ce courant est à l'origine de l'absence du développement économique en Algérie et du blocage de l'émergence d'un courant islamiste, qui a réussi dans d'autres pays comme la Turquie à placer le pays parmi les 20 les plus développés économiquement dans le monde.