Le Mouvement de la société pour la paix (MSP) et le Front du changement (FC) se sont regroupés, pour la première fois avant-hier, dans la salle de conférence de l'hôtel Soummam, à Boumerdès, pour concrétiser l'unité voulue par leurs leaders depuis plusieurs semaines. Les militants des deux formations se sont retrouvés après plus de deux ans de séparation. Ces retrouvailles se sont déroulées dans une ambiance bon enfant. Le premier responsable du Front du changement, Menacera, a indiqué que «cette rencontre, qui intervient à l'occasion du 10e anniversaire de la mort de cheikh Nahnah, est la première à l'échelle nationale». «Cette unité est faite pour durer. Elle n'a pas été faite en prévision des prochaines élections présidentielles», a indiqué Abdelmadjid Menacera, après avoir évoqué et loué longuement le parcours du fondateur du MSP, Mahfoud Nahnah. «Boumerdès prépare des bases très solides à notre unité», a-t-il souligné avant d'appeler les militants des deux formations à travailler main dans la main et dépasser leurs différences. L'orateur a plaidé, dans son discours, à l'organisation d'élections présidentielles libres et transparentes. Menacera a affirmé qu'il n'a aucune intention de se présenter à ces joutes qui revêtent une importance capitale pour l'avenir du pays. Evoquant la maladie du président de la République, il a noté que son parti ne partage pas l'avis de ceux qui ont réclamé l'application de l'article 88 de la Constitution pour destituer Bouteflika au motif de la dégradation de son état de santé et son incapacité à gérer les affaires du pays. Menacera a précisé, par ailleurs, que son parti et le MSP présenteront un seul candidat aux prochaines présidentielles. Intervenant dans ce sens, Abderrezak Mokri a laissé entendre que le moment est venu pour la mouvance islamiste modérée en Algérie de diriger le pays. «Nous aussi on veut prendre le pouvoir. On a patienté beaucoup. Car tout le monde sait qu'on a été privé de la victoire lors des présidentielles de 1995», a-t-il argué, avant d'évoquer le lourd tribut payé par les islamistes modérés durant la décennie noire. «On a perdu plus de 400 militants dont cheikh Bouslimani, qui a été assassiné pour avoir fait un prêche interdisant aux groupes armés de tuer les Algériens», a-t-il rappelé. Mokri soutient que «le projet d'unité avec le FC est fondamental et capital». «Nous nous ne devons pas mourir désunis. L'unité de nos rangs est une chose à laquelle tenait beaucoup cheikh Nahnah», a-t-il ajouté. Le chef du MSP a précisé qu'«il ne sert à rien de nous occuper des problèmes internes de leurs formations». «C'est l'avenir de l'Algérie qui nous intéresse. Cette alliance n'a pas été conclue en vue des prochaines présidentielles uniquement», a-t-il tenté de faire croire, avant d'affirmer qu'il entretient de bonnes «relations d'estime avec les Frères musulmans». Un mouvement islamiste qui a fait surface suite au printemps arabe, notamment en Tunisie et en Egypte. Selon lui, «cette mouvance a patienté durant plusieurs décennies avant qu'elle prenne les rênes le pouvoir dans les pays qui se sont révoltés, l'Egypte et la Tunisie notamment».