L'intermédiaire en armements Ziad Takieddine a reconnu avoir financé la campagne présidentielle d'Edouard Balladur en 1995 via des rétrocommissions issues de contrats d'armements avec l'Arabie saoudite et le Pakistan, rapporte mercredi Le Monde. L'homme d'affaires franco-libanais aurait fait ces aveux le 20 juin dernier devant les juges Renaud Van Ruymbeke et Roger Le Loire qui cherchent à savoir si d'éventuelles rétrocommissions en marge de contrats d'armements signés avec Islamabad et Ryad ont financé la campagne de l'ex-Premier ministre. Lors de leur enquête, ils ont découvert que 20 millions de francs (3 millions d'euros) avaient été versés sur le compte de campagne d'Edouard Balladur, dont 10 millions en une seule fois au lendemain du premier tour. Selon Le Monde, Ziad Takieddine a avoué jeudi dernier avoir remis six millions de francs (1,22 million d'euros) à Thierry Gaubert, un proche d'Edouard Balladur et ancien collaborateur de Nicolas Sarkozy à la mairie de Neuilly, lors de trois voyages à Genève (Suisse) à la fin de 1994. En novembre 1994, juste après la signature du contrat Sawari II portant sur la vente à Ryad de trois frégates Lafayette, Thierry Gaubert a demandé à Ziad Takieddine "1,5 million de francs, afin de financer la campagne de M. Balladur", selon Le Monde. "M. Takieddine accepte à condition qu'il le lui remette en cash à Genève, où M. Gaubert détenait lui-même des avoirs", écrit le quotidien. L'opération se serait répétée dix jours plus tard avec un nouveau versement de 1,5 million de francs et une troisième fois pour un montant de 3 millions de francs pour "boucler les comptes". L'homme d'affaires devrait être prochainement confronté à Thierry Gaubert et Nicolas Bazire, alors directeur du cabinet d'Edouard Balladur et directeur de sa campagne présidentielle. Ziad Takieddine aurait également dit que Nicolas Bazire l'avait appelé en décembre 1993 pour l'informer qu'il allait être contacté par Thierry Gaubert, qu'il avait mandaté. Ziad Takieddine a été mis en examen dans le volet financier de l'affaire Karachi pour recel d'abus de biens sociaux aggravé en 2011 puis pour blanchiment d'argent en avril 2012. Il est également impliqué dans l'enquête sur d'éventuels financements libyens de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007. Il a été placé en détention provisoire depuis le 31 mai pour avoir tenté de se procurer un "vrai-faux" passeport dominicain.