M.Ban Ki-moon a fait dans la forme et les usages diplomatiques en invitant, mardi, le Maroc à «continuer à coopérer» activement avec son représentant personnel pour le Sahara occidental, Christopher Ross, tout en rappelant la nécessité de surveiller la situation des droits de l´homme dans les territoires sahraouis que ce pays occupe depuis 1976. La prudence de ne pas dire les choses directement, comme le font les organisations civiles humanitaires et comme vient de le faire la Commission de l'ONU sur son débat sur la décolonisation des 16 territoires classés coloniaux, dont le Sahara occidental. Le Secrétaire général de l'ONU l'a observé parce que son interlocuteur n´était autre que le conseiller du roi Mohammed VI et ex-ministre marocain des Affaires étrangères, Tayeb Fassi Fihri. M. Ban Ki-moon craignait de donner une nouvelle occasion au roi Mohammed VI de réclamer la démission du diplomate américain, comme Rabat l´avait fait en juin 2012, à cause précisément des blocages faits à la mission de l'ONU (Minurso) par l'administration d'occupation. Selon le porte-parole des Nations unies, «le Secrétaire général de l´ONU a exprimé ce mardi sa gratitude pour le soutien apporté par le roi Mohammed VI et le gouvernement marocain aux efforts déployés par les Nations unies dans la recherche d'une solution au contentieux «qui oppose le royaume alaouite au Front Polisario sur l'ancienne colonie espagnole. A New York, pourtant, tout le monde est convaincu du contraire car la stratégie du roi du Maroc consiste à perpétuer le statu quo pour, comme dirait le président Mohammed Abdelaziz, paralyser les efforts de l´ONU. Ban Ki-moon a demandé dans les mêmes éloges de courtoisie au gouvernement marocain de «continuer à s'impliquer» dans l'exécution du programme mis au point par le HCR portant sur les échanges de visites familiales entre Tindouf et Al Ayoun, et de construire une relation de confiance avec cet organisme onusien. Or, il est notoire que le Maroc a toujours dressé des obstacles à ces liaisons aériennes qui se sont ratifiées et, surtout, pour occulter la réalité qui prévaut dans les territoires occupés. C'est cette réalité qu'une délégation de parlementaires européens se propose de découvrir dès dimanche au Sahara occidental. Cette mission organisée à l'initiative du groupe de l´Alliance des socialistes et des démocrates du Parlement européen commencera par un séjour de trois jours au Maroc. Selon un communiqué publié par le Parti socialiste espagnol (PSOE), la délégation européenne s'entretiendra d´abord, ce matin à Casablanca, avec le vice-ministre marocain des Affaires étrangères, Youssef Amrani. D'autres entretiens suivront avec le secrétaire général de l´Union socialiste des forces populaires (USFP), M. Driss Lachguar. Vendredi à Rabat, les députés européens auront des rencontres avec le représentant du Centre national des droits de l'Homme, M. Driss El Yazami, le conseiller du roi et président de la Commission consultative sur la régionalisation, Omar Azziman, ainsi que des députés et des sénateurs. Il ne faut pas attendre beaucoup de ces entretiens avec ces cercles plus ou moins proches du palais royal qui sont unanimement acquis à l´annexion du Sahara.
Avec Aminatu Haider C´est à Al Ayoun et à Smara que les eurodéputés devraient apprendre des choses sur la situation dans les territoires occupés. Ils verront le Représentant Spécial du SG de l´ONU pour la Minurso, Wolfgang Weis-Weber, et les représentants de la société civile dont l´indépendantiste sahraouie, Aminatu Haider, et d´autres membres des collectifs qui défendent le droit à l'autodétermination et le respect des droits de l´homme au Sahara occidental, notamment le Comité sahraoui contre la torture, et avec la société civile de la ville de Smara où comme dans la capitale, les soulèvements contre l´occupation sont assez fréquents et violemment réprimés. Les parlementaires doivent recueillir, enfin, les témoignages à la prison d´Al Ayoun où sont incarcérés des dizaines d´activistes sahraouis, puis tenir des réunions avec les familles de ces prisonniers politiques dont la plupart ont été condamnés à de lourdes peines et éparpillés à travers les prisons du Maroc.