Luiz Felipe Scolari et Vicente Del Bosque, à la tête du Brésil et de l'Espagne, ont en commun moustache et palmarès de premier ordre, mais la finale de la Coupe des Confédérations dimanche au Maracana (22h00 GMT) n'aura pas la même saveur pour ces deux hommes. Papy sec contre papy rond, l'image est trompeuse. Le Brésilien de 64 ans, faux sosie de l'acteur américain Gene Hackman, est un obsédé de tactique et d'"équilibre" et a la réputation de mener ses troupes à la baguette, d'où les vieux surnoms de "Sargentao" (grand sergent) ou de "Dictateur". Mais cette inclination est contre-balancée par son attachement à bâtir des groupes aux airs de famille, comme en 2002. L'Espagnol de 62 ans, lui, cache un perfectionniste derrière son allure débonnaire, qui parle peu mais pas pour rien, et un fin psychologue, capable d'apaiser les tensions entre Barcelonais et Madrilènes. Si leurs bacchantes relèvent de l'anecdotique, leurs CV beaucoup moins. Ils détiennent deux records supérieurs: "Felipao", celui du nombre de victoires consécutives en Coupe du monde (onze: sept en 2002 avec le Brésil, plus quatre avec le Portugal en 2006); "Don Vicente", la plus longue série d'invincibilité en matchs de compétition, portée à 29 depuis la demi-finale de jeudi contre l'Italie, battant le record des 27 rencontres sans s'incliner hors amicaux de la France entre 1994 et 1999, selon la Fifa. Del Bosque, pour oublier 2009 Le Gaucho originaire du sud du Brésil, ex-défenseur ombrageux surnommé "Perna de Pau" ("Jambe de bois"), et le Castillan-léonais, ancien milieu défensif du Real Madrid, ont tous deux remporté la Coupe du monde (2002 pour l'un, 2010 pour l'autre) et deux fois la compétition reine des clubs dans leurs continents respectifs (Copas Libertadores 1995 et 1999 avec le Grêmio Porto Alegre et Palmeiras pour le premier; Ligues des champions 2000 et 2002 avec le Real Madrid pour le second). L'Espagnol se détache cependant puisqu'il est le seul entraîneur à également avoir remporté un tournoi continental de sélections (Euro-2012). Du coup, on comprend que sa moustache frise à l'idée de remporter cette Coupe des Confédérations, même si c'est un tournoi considéré comme mineur: toutes les cases de l'armoire à trophées espagnole seraient occupées. Ses joueurs "ont répondu aux attentes de la sélection, mais on en veut encore un peu plus, on verra si on peut le faire dimanche", a-t-il dit jeudi après la demi-finale. D'autant que le revers en demi-finale de l'édition 2009, face aux Etats-Unis (2-0), faisait un peu tache pour le sélectionneur des champions d'Europe sacrés sous son prédécesseur Luis Aragones. Dunga le contre-exemple Du côté des Brésiliens, ce trophée les intéresse-t-il seulement? L'objectif prioritaire, martelé à chaque occasion, à chaque point presse, surtout depuis que le pays du "futebol" a été désigné en 2007 pour l'organiser, demeure bien la finale au Maracana, mais pas celle de dimanche, celle de la Coupe du monde, le 13 juillet 2014. "Nous avons l'obligation de gagner le titre, parce que nous jouons à domicile. On n'organise pas la Coupe (du monde) pour être troisième ou quatrième", a déjà admis Scolari. Une manière de regarder constamment au-delà de ce dimanche. Entre-temps, donc, il y a cette "Coupe des Conf'" dont la Seleçao est double tenante du titre, on l'aurait presque oublié. Dunga avait remporté la Copa America 2007 et la Coupe des Confédérations 2009, mais tout le monde ne retient que son échec en quart de finale du Mondial-2010. A l'inverse, "Felipao" avait connu des débuts en demi-teinte lors de son premier passage à la tête de la sélection, avec une élimination en quart de finale de la Copa America 2001 par le modeste Honduras (2-0) et une qualification pour le Mondial acquise dans la douleur. Mais tout cela avait été balayé par le "pentacampeao" (cinquième titre) en 2002!