Des dizaines de citoyens activant au sein de plusieurs associations voulant commémorer le 21e anniversaire de la mort de Mohamed Boudiaf ont été arrêtés hier dans plusieurs endroits de la capitale, indiquent plusieurs sources, au moment où aucun officiel ne s'est rendu au cimetière El Alia comme il est de coutume, pour déposer une gerbe de fleurs sur la tombe de Tayeb El Watani. Plusieurs associations et partis ou encore des amis du défunt ou les gardes communaux ont en effet décidé chacun de son côté de déposer des gerbes de fleurs sur la tombe de Boudiaf, mais les autorités, qui ont toujours prétexté la loi interdisant les rassemblements ou encore le risque d'atteinte à l'ordre public, en ont décidé autrement. Les premières arrestations ont été enregistrées à l'entrée du siège du Mouvement démocratique et social (MDS), point de départ du premier contingent en direction du cimetière El Alia pour le dépôt d'une gerbe de fleurs. «La police a quadrillé la capitale», dénonce-t-on d'emblée. Selon le MDS, il s'agirait d'une centaine de militants arrêtés au niveau du siège du parti, sis au boulevard Mohamed V. Dans une déclaration rendue publique hier, le MDS affirme que «le coordinateur national du MDS, le coordinateur et le porte-parole de l'organisation des gardes communaux et plusieurs de ses membres ont été interpellés à leur sortie du siège du MDS encerclé par un dispositif policier exceptionnel». «Qu'avaient-ils donc fait pour être ainsi pris, sans ménagement, et maintenus isolés les uns des autres dans différents commissariats de police ? Ils se rendaient à El Alia pour commémorer l'assassinat de Mohamed Boudiaf. Le cimetière était lui-même l'objet d'un encerclement spectaculaire pour empêcher le rassemblement des citoyens et des militants des différentes organisations de la société civile qui avaient appelé à se recueillir à la mémoire du défunt président du HCE», lit-on encore dans la déclaration à travers laquelle le MDS «s'élève vivement contre ces pratiques arbitraires d'une police politique qui s'abat sur toute activité démocratique, venant démentir toutes les proclamations sur la volonté de réforme de l'Etat». Au niveau du cimetière El Alia, c'est le même dispositif sécuritaire qui a été déployé, nous indique un militant qui s'est rendu sur les lieux. «13 citoyens ont été arrêtés au cimetière El Alia pour la simple raison qu'ils voulaient rendre hommage au défunt Mohamed Boudiaf. Ils sont actuellement au commissariat de Bachdjarah», a-t-il affirmé. La première arrestation s'est faite à l'intérieur du cimetière alors que les autres, membres du Mouvement de la jeunesse indépendante pour le changement (Mjic) notamment, ont été arrêtés à l'extérieur. Outre les membres du Mjic, l'on notera la présence à El Alia des membres de la fondation Matoub Lounes, une première fois empêchés d'accéder à l'intérieur du cimetière où la tombe de Boudiaf était fortement «protégée» avant qu'ils ne soient autorisés à y déposer une gerbe de fleurs. D'autres associations, des amis du défunt dont un certain Tayeb Thaalibi, ancien maquisard, dénoncent eux aussi «la répression policière» et estiment que l'assassinat de Boudiaf est un crime politique. Les services de sécurité ont ensuite évacué les lieux. Les militants embarqués, explique-t-on par ailleurs, seront sans nul doute relâchés vers la fin de la journée.