Quelque peu éclipsés depuis «la marche nationale» du 15 juin à Béjaïa, qui n'a pas drainé la grande foule, les chômeurs récidivent ces jours-ci avec plusieurs manifestations à Saïda, Djelfa et d'autres villes pour «maintenir le cap de la mobilisation». Après Saïda, samedi, et Djelfa, hier, où ont eu lieu des marches pour «revendiquer des emplois stables», le Comité national pour la défense des droits des chômeurs (CNDDC), a appelé à une marche dans la ville de Ouargla qui va s'ébranler du siège de la station régionale de l'ENTV pour aboutir au siège de la wilaya, nous révélera Tahar Belabbès, coordinateur national du CNDDC. «C'est une marche qui a pour objectif de dénoncer les fonctionnaires de l'administration de l'emploi, à leur tête le directeur de l'Agence régionale de l'Anem), M. Latrèche, et du directeur général de cette même agence, Mohamed Tahar Chaâlal», précisera notre interlocuteur. Il dénonce «les promesses non tenues de tous ces responsables». «Il n'y a ni emploi ni rien. Il n'y a rien de concret sur le terrain», commente-t-il encore, allusion faite aussi aux annonces du Premier ministre, affirmant que la situation des chômeurs est en stand-by. Pour Tahar Belabbès, cette série de «manifestations» est un prélude à la célébration de la Fête de la jeunesse qui coïncide avec le 5 juillet, fête de l'Indépendance. S'il ne détaille pas la façon dont cette date sera célébrée par les chômeurs, Tahar Belabbès dira néanmoins que «nous avons notre propre façon de célébrer la Fête de la jeunesse, si cette fête existe réellement». Une célébration par des manifestations de rue dont une sera certainement programmée à Alger, nous dira-t-il. «Nous comptons manifester à Alger, mais rien n'est encore décidé», a ajouté Tahar Belabès. Outre les revendications habituelles, les chômeurs investissent désormais le champ «politique» par des slogans contre les «pontes du régime». Du caractère strictement social, au début du mouvement, les revendications des chômeurs mûrissent donc et subissent une profonde mue pour devenir des slogans politiques tous azimuts. «Ce qu'on vit aujourd'hui est le résultat du pourrissement politique et économique dont est responsable le système», avait indiqué Tahar Belabès, rappelant que ces revendications politiques ont toujours accompagné le mouvement. La série de manifestations passées ou programmées pour les jours à venir, si elles ont pour objectif de maintenir le cap de la mobilisation, elles se veulent aussi «un rappel à l'ordre» des autorités, lesquelles, «une fois la tempête passée», semblent choisir d'autres partenaires sociaux très enclins à «gober» le discours développé notamment par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, appelant dans chacune de ses récentes sorties à «un pacte de confiance», seul à même d'apporter les solutions adéquates à une crise qui s'est installée depuis des lustres dans la durée. Les chômeurs des quatre points cardinaux du pays s'investissent dans une logique «guerrière», en l'absence d'un cadre organisationnel (syndical), loin d'être toléré par les autorités à même de capter les subtilités d'un mouvement qui s'est inscrit dans l'ère du temps. L'ère du temps qui change.