«En 18 mois, 50 boulangeries sur les 340 que comptait la ville de Constantine ont été fermées du fait que leurs propriétaires n'arrivaient plus à supporter les charges qui ont considérablement augmenté», a indiqué M. Boutamine, secrétaire général du bureau de wilaya de l'Union générale des commerçants et artisans d'Algérie (UGCAA), organisation à laquelle est affiliée la Fédération nationale des boulangers (FNB). M. Boutamine a ajouté que l'augmentation des charges n'a pas été suivie par le prix de la baguette. «Ce prix, qui est de 7,50 dinars pour le pain ordinaire et 8,50 pour le pain amélioré, demeure stable depuis déjà 14 ans», a-t-il précisé. Alors, faut-il conclure que l'on s'oriente vers une crise du pain à Constantine ? En apparence, tout porte à le croire, puisque le citoyen, dans la majorité des cas, achète son pain auprès de revendeurs de rue sinon chez son épicier, à raison de 10 DA la baguette de pain ordinaire. Un phénomène qui prend des proportions inquiétantes et qui n'a pas l'air de déranger les responsables de la direction du commerce. Les boulangers traversent une situation des plus critiques qui risque, à terme, de porter gravement préjudice à leur métier. Beaucoup attendent avec une impatience mal contenue la réponse du gouvernement aux propositions émises par le syndicat des boulangers qui, pour rappel, a déposé un dossier technique dernièrement sur la question. Dans ce dossier, il est demandé, entre autres, que l'Etat consente des réductions sur les prix les produits entrant dans la composition du pain, tels que la levure et l'améliorant de panification ainsi que l'énergie électrique, l'eau et certaines taxes qui leur sont imposées. Pourtant, des assurances ont été données par les représentants du gouvernement et de la direction générale de Sonelgaz quant à la possibilité de soutenir les boulangers afin de leur assurer un minimum de bénéfices. Il a été ainsi promis un abattement allant jusqu'à 70% sur les taxes et l'instauration de tarifs préférentiels sur la consommation électrique. En attendant, les boulangers de Constantine font face à une difficile équation qui consiste à produire du pain dont le prix de revient équivaut presque au prix de vente. Les représentants de la corporation craignent une détérioration de la situation et redoutent que d'autres boulangeries mettent la clé sous le paillasson, ce qui, à leur sens, se répercutera directement sur le citoyen. Ils espèrent néanmoins une réponse favorable à leurs doléances de la part du gouvernement. Il est à préciser enfin que l'Algérie comptait, au début de cette décennie, quelque 17 000 boulangeries. A la fin de l'année 2008, on n'en dénombre plus que 13 200, selon les chiffres communiqués par le président de la FNB. Il y a donc vraiment de quoi s'inquiéter.