«La hausse des prix des produits de large consommation subventionnés n'est pas à l'ordre du jour en raison de la conjoncture politique actuelle précédant l'élection présidentielle», a affirmé hier à Alger le ministre du Commerce, Mustapha Benbada. L'annonce d'une quelconque augmentation des prix pourrait être exploitée politiquement, a prévenu le ministre, lors d'une rencontre de présentation du bilan des activités du contrôle économique et de la répression des fraudes durant le premier semestre 2013. «Nous devons être conscients et prendre les mesures adéquates pour rationaliser la consommation et les dépenses publiques aussi», a-t-il noté, allusion faite au recul des recettes de l'Etat qui doit revoir sa politique de dépenses tous azimuts. «Il faut aller au juste prix des produits alimentaires de base, mais il faudra aussi préserver le pouvoir d'achat», car la contrebande et le gaspillage à grande échelle asphyxient l'économie nationale. «N'importe quelle personne sensée ne peut admettre cette situation», a-t-il soutenu. Mais, admettra-il, l'augmentation des prix ne peut être décidée du jour au lendemain car elle peut provoquer des manifestations, proposant d'aller vers des hausses graduelles à travers de «petites hausses» sur une longue durée allant sur une dizaine d'années. Pour préserver le pouvoir d'achat des couches défavorisées, il a proposé d'opter pour des formes de substitutions qui restent à définir, ajoutant que le gaspillage et la contrebande touchent principalement les produits de large consommation subventionnés par l'Etat. Hormis le sucre qui a connu un recul des prix sur le marché international, les pâtes alimentaires, la semoule, la farine et les huiles végétales restent les produits alimentaires ciblés par la contrebande. Un nouveau régime fiscal pour les grossistes Concernant les fluctuations des prix des produits agricoles frais et des viandes qui ont enregistré une hausse durant les deux premières semaines du Ramadhan, le ministre dira être convaincu que la stabilité des prix ne peut être obtenue que grâce à une stabilité de la production durant toute l'année. Cette stabilité est conditionnée aussi par l'organisation de certains segments d'activités commerciales comme le commerce de gros et la distribution. Par ailleurs, M. Benbada a indiqué que les producteurs de l'agroalimentaire demandent la révision de la nomenclature des activités commerciales afin de pouvoir créer leurs sociétés de distribution pour pouvoir alimenter directement les hypermarchés. En réponse à leur demande, le ministère du Commerce réfléchit à doter ces opérateurs d'un statut particulier à travers la révision de la nomenclature des activités commerciales. D'autre part, un groupe de travail composé de représentants des ministères du Commerce et des Finances, installé en février dernier, étudie des mesures devant encourager les grossistes à établir des factures sans qu'il y ait de risques d'une augmentation des prix des produits commercialisés. Le ministère des Finances pourra revoir le régime fiscal concernant les grossistes qui seront soumis au régime de l'impôt forfaitaire unique (IFU) en augmentant le seuil du chiffre d'affaires imposable. La majorité des commerçants de gros refusent de se conformer à la réglementation car ils considèrent que l'établissement des factures induira automatiquement une augmentation des prix de vente, prétextant que le régime fiscal actuel n'est pas adapté à leur activité. Les grossistes disent qu'une marge bénéficiaire de 3% ne leur permet pas de réaliser des bénéfices. Mais, relève le ministre, la question sera réglée dans un cadre plus global, en concertation avec les différentes parties concernées. La permanence sera assurée durant la fête de l'Aïd Au sujet de l'ouverture des commerces durant les deux jours de l'Aïd, M. Benbada a annoncé avoir instruit les walis d'élaborer les listes des permanences afin d'éviter les épisodes de pénuries de pain et de produits alimentaires durant ces deux jours en raison de la fermeture de la majorité des commerces. «Le service minimum sera assuré», a-t-il prévu. A propos du bilan de l'activité de contrôle, M. Benbada a indiqué que 532 667 contrôles ont été effectués au cours du premier semestre 2013, enregistrant une hausse de 17% par rapport à la même période de 2012 avec 455 355 opérations. En hausse de 11,8%, les infractions sont passées à 94 043 contre 84 134 entre les deux périodes comparées. La quantité de marchandises bloquée aux frontières avoisine 60 000 tonnes, soit une hausse de 66,4 % par rapport au premier semestre 2012 qui a enregistré le blocage de 35 573. Ceci témoigne d'une meilleure efficacité des contrôles aux frontières, renforcés en moyens humains et matériels. Cependant, le défaut d'hygiène occupe le premier rang des infractions en matière de conformité avec 12 518 au cours du premier semestre 2013.