Après les manifestations et les violences qui ont jalonné la ruetunisienne, particulièrement depuis l'assassinat de l'opposant et député Mohamed Brahmi, les choses ne semblent pas, six jours après, se diriger vers un déblocage de la situation politique dans ce pays voisin. Même si le Premier ministre Ali Laarayadh n'a pas rassuré les opposants en qualifiant ceux qui demandent la démission du gouvernement et la dissolution de l'Assemblée nationale constituante (ANC) comme des opportunistes et des anarchistes, des partis qui ne visent en réalité, selon lui, qu'«à vouloir s'emparer du pouvoir et de s'approprier une légitimité infondée», rapporte webdo.tn, «l'unification des rangs» de l'opposition ne peut que précipiter les choses. A ceux qui réclament le départ du gouvernement dont la puissante Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT), plusieurs partis politiques y compris Ettakatol de Mustapha Bendjaâfar, partie prenante de la troïka et d'autres organisations nationales comme la Ligue tunisienne des droits de l'Homme et autres organisations, Ali Laarayedh soulignera, dans son intervention lundi, que «le gouvernement demeurera bien en place et poursuivra sa mission en veillant à écourter les travaux de l'ANC en l'amenant à approuver la constitution au plus tard à la fin du mois d'août 2013 et à élaborer les textes utiles avant le 23 octobre en vue de l'organisation des élections avant la fin de l'année proposant à cet effet la date du 17 décembre qui correspond à un mardi», rapporte toujours webdo.tn, mais entre-temps, l'on évoque quelque 70 députés qui se sont retirés de l'ANC. Le Premier ministre tunisien s'est engagé à fournir un climat propice à des élections libres et transparentes sous une surveillance internationale afin de garantir la crédibilité des résultats qui seront obtenus. Il a également déclaré que le gouvernement était prêt à organiser un référendum populaire pour que le peuple choisisse entre la poursuite du travail effectué et le retour au point de départ. Il n'a, toutefois, pas précisé les modalités d'un tel référendum. Consensus autour d'un gouvernement d'union nationale Dans la foulée, il n'a pas exclu un remaniement ministériel, alors que des ministres ont déjà démissionné. Celui de l'Intérieur, Lotfi Ben Jeddou, un indépendant au sein du gouvernement dirigé par les islamistes d'Ennahda, s'est «joint» à l'opposition et a demandé hier la formation d'un nouveau cabinet d'union nationale pour répondre à la crise et au terrorisme. «J'ai envisagé de démissionner avec d'autres dirigeants de l'appareil sécuritaire mais vu la conjoncture actuelle, j'ai décidé de continuer jusqu'à la formation d'un gouvernement impliquant tous les partis qui doivent dépasser leur égoïsme pour relever les défis et combattre le terrorisme», a-t-il dit à l'antenne de la radio Mosaïque FM. «A chaque fois que la situation sécuritaire s'améliore, des parties inconnues mettent encore le feu dans le pays», a-t-il dit, citant l'assassinat du député Mohamed Brahmi et la mort de huit soldats lundi. M. Ben Jeddou, un ancien procureur à l'indépendance reconnue, a été nommé en mars à son poste dans la foulée de la chute du précédent gouvernement dirigé par Ennahda emporté par l'assassinat de l'opposant Chokri Belaïd. Accusé d'être la source des problèmes, le mouvement Ennahda s'est dit ouvert à l'idée de former un nouveau gouvernement, mais refuse de dissoudre l'Assemblée constituante, selon son dirigeant Ameur Laarayedh. «Nous sommes ouverts à toutes les propositions pour parvenir à un accord, y compris à la formation d'un gouvernement de salut ou un gouvernement d'union nationale», a déclaré Ameur Laarayedh à Reuters. «Mais nous n'accepterons pas la dissolution de l'Assemblée constituante, c'est une ligne rouge», a-t-il averti. L'impasse politique dans laquelle se trouve la Tunisie, exacerbée par la situation sécuritaire qui se détériore, va-t-elle enfin déboucher sur les exigences de l'opposition ?