Les tractations politiques se poursuivaient samedi au Mali avant le second tour de la présidentielle qui s'annonce serré le 11 août entre Ibrahim Boubacar Keïta, un cacique de la vie politique, et Soumaïla Cissé, un économiste, qui a déjà reçu le soutien du candidat arrivé en troisième position. Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) est arrivé largement en tête du premier tour du 28 juillet avec 39,2% des voix, devant Soumaïla Cissé, qui a obtenu 19,4% des votes, selon les résultats officiels publiés vendredi. Mais l'issue du second tout reste incertaine, alors que 26 autres candidats -dont l'un avait retiré sa candidature- ont recueilli plus de 40% des suffrages et que des observateurs évoquent la possible constitution d'un front "tout sauf IBK". Le plus grand parti malien, l'Alliance pour la démocratie au Mali (Adéma), dont le candidat Dramane Dembélé est arrivé en troisième position avec près de 9,6% des voix, a déjà apporté son soutien à Soumaïla Cissé. La logique voudrait que le candidat arrivé en quatrième position, Modibo Sidibé (4,9%), se reporte également sur Soumaïla Cissé. Tous trois sont membres du Front pour la démocratie et la République (FDR), coalition de partis et de mouvements de la société civile créée après le coup d'Etat du 22 mars 2012 qui avait précipité la chute du nord du Mali aux mains de groupes jihadistes. Il ne reste aux deux finalistes que six jours pour mener leur campagne dans un pays qui a été déstabilisé par un an et demi de crise politico-militaire. "Juguler la fraude" La mobilisation des Maliens pour le second tour reste une inconnue importante, après le taux de participation exceptionnel de 51,5%, au premier, dans un pays où elle n'avait jamais dépassé 38%, mais plus de 403.000 bulletins ont été déclarés nuls. Soumaïla Cissé s'est d'ailleurs interrogé sur ces bulletins nuls et a exigé que, pour le second tour, "des mesures concrètes soient prises pour juguler la fraude" qui a caractérisé selon lui le premier tour. Second tour ouvert "L'arbre de la grande mobilisation du peuple malien le 28 juillet ne doit pas cacher la forêt de l'impréparation, de la mauvaise organisation et de la fraude qui ont caractérisé le premier tour de l'élection présidentielle", a-t-il dénoncé vendredi. De son côté, IBK doit réagir publiquement dimanche au cours d'un grand meeting devant ses partisans à Bamako. Sur son compte twitter, il a appelé à "une mobilisation encore plus grande pour un vote clair et net en faveur du candidat du changement". Malgré les inquiétudes, le premier tour s'est déroulé sans aucun incident majeur et a fortement mobilisé les Maliens, signe de leur volonté de sortir au plus vite d'un an et demi de crise. Cette crise a débuté en janvier 2012 par une offensive de rebelles touareg dans le Nord, suivie par un coup d'Etat, une occupation du Nord par des groupes criminels et jihadistes liés à Al-Qaïda, et enfin une intervention armée étrangère initiée par la France pour les en chasser. La France a ensuite exercé une forte pression sur le régime de transition à Bamako pour qu'il organise l'élection en juillet. Paris n'a pas non plus caché sa satisfaction et son soulagement après le premier tour. Quel qu'il soit, le nouveau président aura la lourde tâche de relever un Mali économiquement exsangue et surtout de réconcilier des communautés plus divisées que jamais. Le président François Hollande a indiqué que la France lui "apportera tout son soutien". Il a aussi souhaité que le second tour de scrutin soit préparé "avec la même rigueur" que le premier.