Un concours de recrutement de 63 professeurs d'éducation physique dans les lycées de la wilaya de Blida est prévu le 12 août. Bien sûr que ce rendez-vous tout à fait banal n'aurait jamais dû alimenter la chronique locale et la presse nationale. Sauf que ce n'est pas tous les jours que la contestation de la régularité de l'épreuve éclate bien avant le jour de son déroulement. Quant aux scandales dans ce genre de concours, ce n'est pas vraiment ce qui a manqué par le passé. La protestation ne s'est peut-être pas systématiquement exprimée, mais quasiment tous les concours de recrutement ont eu leur prolongement de suspicions, quand ils n'ont pas été sanctionnés par de sérieux indices, voire de sérieuses preuves d'irrégularité. A tel point que nombre de demandeurs d'emploi ne croient plus à cette formule d'accès au travail. Parmi eux, il y en a qui y vont avec un bien mince espoir ou par acquis de conscience, tandis que d'autres y renoncent tout simplement après une multitude de désillusions. Ce qui aurait pu être des formules expéditives et péremptoires d'aigris par l'échec a fini par se transformer en certitudes indéboulonnables. Et ce n'est pas toujours exagéré ! Emblématique de ce manque de confiance en la loyauté de ces concours et de manière plus générale en l'accès à l'emploi par le seul mérite, il n'est pas un seul candidat ou parent de candidat qui ne tente, à l'orée de chaque épreuve du genre, de trouver d'abord un «piston» dans le secteur. Avant d'affronter l'examen, envisagé comme un grossier tour de passe-passe imposé par de formelles dispositions légales auxquelles l'administration des employeurs publics se croit obligée de souscrire. Et la «formalité», on en parle même dans les bureaux des recruteurs, avec le sourire à la commissure des lèvres qui en dit long sur le sérieux de la «sélection». Même s'il y a un peu d'inédit dans cet épisode de Blida, ce n'est donc pas tout à fait nouveau, presque banal. Sauf que dans ce cas précis, on n'a pas attendu la fin des épreuves du concours pour mettre la machine en branle, on s'y est pris bien à l'avance et en allant plus loin dans l'irrégularité. Avant, on trichait sur les résultats en faisant passer ceux parmi les candidats qui ont le bras long ou payé pour ça. Cette fois, ceux qui ont le bras long ou ont payé pour ça n'étaient même pas obligés de satisfaire aux critères de participation, diplôme et prédispositions professionnelles entre autres. Et quand on commence au moment du dépôt des dossiers de candidature, la suite n'est pas vraiment difficile à imaginer ! Les candidats «normaux», qui sont donc lésés au départ en ce que les conditions qui ont entouré ce concours réduisent considérablement leurs chances de succès, se sont donc plaints auprès de la direction des ressources humaines du ministère de l'Education en première instance. Et sa réaction n'a manifestement pas été rassurante, puisque les candidats sont passés à un autre palier de recours en s'adressant au Premier ministre, avant de carrément saisir la justice et les services de sécurité pour ouvrir une enquête sur cette irrégularité. Usurpation de diplômes, de certificats de résidence et autres pièces administratives sont les autres irrégularités soulevées par les mécontents, en plus du fait que parmi les candidats contestés, il y en aurait qui sont déjà employés à d'autres paliers de l'éducation. Des choses qui ne doivent pas s'inventer, surtout que les contestataires semblent sûrs de leurs arguments. Rien de vraiment nouveau dans le fond, il y a seulement un peu d' «innovation» dans le timing et le mode opératoire. Vraiment pas de nouveau, sauf qu'on a encore franchi un autre seuil de la fraude. N'est-ce pas qu'au même moment, on en était encore à se demander s'il faut sanctionner avec toute la rigueur de la loi les tricheurs du bac ou si on va s'en tenir à une sanction «symbolique» ? Et ce n'est pas tout à fait une autre histoire.