Malgré les promesses du ministère de la Santé d'améliorer la prise en charge des cancéreux, la situation n'a guère changé et semble empirer en raison des différentes pannes des équipements de radiologie et de radiothérapie. Plusieurs appareils de radiologie du Centre Pierre et Marie Curie (CPMC) d'Alger, qui accueille des centaines de malades par jour, sont en panne, avise Mustapha Si Ahmed, secrétaire général adjoint de l'association d'aide aux cancéreux El Fedjr. Aucun scanner ne peut être effectué en raison de pannes depuis décembre 2012. Depuis plus de 45 jours, le service de radiologie du CPMC connaît une rupture en films de mammographie. L'écho doppler est également en panne depuis un an et demi, sachant que cet appareil nécessite le changement de la sonde qui tarde à être acquise. Les rendez-vous pour l'IRM sont accordés dans un délai de pas moins de deux mois. Pour parer un tant soit peu à cette situation désastreuse, l'association El Fedjr d'aide aux malades atteints du cancer prend en charge les cas urgents pour effectuer des examens de scanners et des IRM au niveau d'un centre d'imagerie médicale privé. Cette prise en charge a été rendue possible, expliquera M. Si Ahmed, grâce à une convention avec le centre. Cependant, un grand nombre de malades supporte seul les frais de ces examens qui coûtent cher et avoisinent les 18 000 DA en moyenne pour l'IRM et dépassent les 5000 DA pour les scanners. En dépit des pannes des appareils de radiologie, ceux de la radiothérapie connaissent pratiquement les mêmes problèmes avec l'enregistrement de pannes régulières en raison de leur surexploitation. Les pannes vont d'une heure à plusieurs jours, expliquent les manipulateurs du service de radiothérapie du CPMC, habitués depuis plusieurs années à cette situation désastreuse. Le service accueille des centaines de malades, poussant les manipulateurs à exploiter pleinement les machines qui sont conçues pour traiter un malade toutes les demi-heures tandis qu'au CPMC, les accélérateurs traitent une moyenne de quatre malades par heure. Concernant les rendez-vous pour commencer les soins en radiothérapie, les nouveaux malades sont contraints d'attendre jusqu'à septembre 2014 pour obtenir un rendez-vous. Le Temgesic, les plaquettes de sang manquent aussi Pourtant, lors d'un conseil interministériel tenu en décembre 2012, le ministre de la Santé, Abdelaziz Ziari, avait promis d'améliorer la prise en charge en matière de radiothérapie dans un délai n'excédant pas le 1er semestre 2013. Mais, en réalité, les choses n'ont pas bougé et s'aggravent. Le fossé entre les «bonnes intentions» du ministre de la Santé et la réalité du terrain se creusent au fil des années, malgré les budgets colossaux débloqués pour le secteur de la santé. Une source hospitalière a revendiqué une enquête sur la destination des dépenses du secteur qui n'offre pas une qualité de soins adéquate aux malades. Pour le cas de la radiothérapie par exemple, le service du CPMC devait être délocalisé, a relevé une autre source hospitalière, réclamant l'accélération de l'installation du nouvel accélérateur acquis depuis plusieurs mois. La création de nouveaux centres spécialisés doit être accélérée également, ont souhaité plusieurs professionnels. Les déboires des cancéreux ne se limitent pas uniquement aux pannes et aux rendez-vous éloignés des différents examens mais concernent aussi le manque flagrant des plaquettes de sang particulièrement durant le mois de ramadhan. Des cancéreux qui nécessitaient plusieurs transfusions n'ont eu droit qu'à une seule à cause du manque de plaquettes de sang. La sonnette d'alarme est ainsi tirée par les familles des malades soutenus par les associations d'aide aux malades. Cela étant, des patients ont signalé aussi une rupture au niveau de certaines officines du médicament Temgesic en injectable, qui représente le seul remède contre la douleur insupportable. M. Si Ahmed a souhaité, par ailleurs, que les cancéreux bénéficient d'un meilleur accompagnement pour leur offrir une qualité de vie convenable. Il a lancé un appel aux donateurs qui multiplient leurs actions à l'occasion des fêtes religieuses, surtout, d'orienter leurs actions vers l'acquisition de prothèses mammaires, oculaires, appareils auditifs, perruques, matelas anti escarres, fauteuils roulants, poches de colostomies et couches pour adultes et enfants. Souvent de situation sociale défavorable, des familles de cancéreux peinent à acquérir à leurs malades des couches pour adultes et les poches de colostomies. Parfois, le malade nécessite quatre poches par jour, à raison de 300 DA/unité.