Le mouvement associatif et citoyen se mobilise à Oran suite à la suspension, sous le fallacieux prétexte d'«ingérence dans les affaires internes du pays», de deux associations, ARC de Canastel et El Bahia de Bir El Djir. Après la LADDH, nombre d'associations et de citoyens ont tenu à dénoncer «les suspensions arbitraires dont elles sont victimes». «La suspension de ces deux associations confirme, malheureusement, le caractère liberticide de la loi nº12-06 du 12 janvier 2012 dénoncée par les associations d'Oran au moment de son élaboration en novembre 2011», écrivent les premiers signataires d'un communiqué rendu public à l'issue d'une réunion tenue dimanche. Ils expliquent qu'en effet, le wali d'Oran «s'est appuyé sur une de ces dispositions liberticides contenues dans l'article 39 qui permet la suspension d'une association au motif d'ingérence dans les affaires internes du pays». Les signataires parmi lesquels nombre de représentants d'associations, de simples citoyens ou encore des universitaires, font remarquer que «dans le cadre de cette loi scélérate, le wali d'Oran n'a lui-même pas respecté la procédure qui lui dicte des notifications préalables de mise en demeure avant suspension». Et «face à cette situation», les signataires exigent «la levée immédiate des suspensions» et réitèrent leur «dénonciation de cette loi sur les associations» qu'ils qualifient «d'anti-constitutionnelle et contraire aux traités internationaux ratifiés par l'Algérie». Selon les explications de la Ligue des droits de l'homme d'Oran qui a, la première, dénoncé la décision, le wali d'Oran a décidé au cours d'une même journée de suspendre deux associations. La première parce qu'elle avait réussi à bloquer le détournement de terrains appartenant au domaine forestier de Canastel (El Menzah) par décision judiciaire en référé (arrêt des travaux) et la deuxième parce qu'elle avait pu devant la justice (référé et sur le fond) empêcher qu'un terrain destiné à la création d'un marché couvert soit détourné de la même façon. «Ces décisions de suspension d'associations ont été faites pour permettre justement de bloquer leurs activités et permettre ainsi aux bénéficiaires des détournements de remettre en cause les deux décisions de justice en remettant en cause la qualité du plaignant», avait dénoncé la Ligue. La loi sur les associations stipule pourtant «qu'il fallait d'abord mettre en demeure l'association et lui laisser un délai de trois mois avant de prendre la décision de suspension», note-t-on.