cet événement a suscité les débats les plus contradictoires. 16 janvier 2003, 11 ans jour pour jour du retour de Mohamed Boudiaf au pays. Un retour bref, trop bref même. Le «sauveur» tant attendu s'est malheureusement éteint six mois après, assassiné à Annaba. Le retour de l'homme s'est fait dans des conditions extrêmement délicates pour le pays, qui vivait une situation sans précédent après la démission du Président Chadli Bendjedid et la dissolution de l'APN. Le vide institutionnel qui en a résulté a précipité l'Algérie dans un chaos où la menace du FIS se faisait pressante, après son succès au premier tour des élections législatives organisées en décembre. Une victoire vue par de nombreux Algériens comme porteuse de graves dangers pour l'avenir du pays. Mais il en était d'autres qui voulaient la poursuite du processus électoral. Boudiaf est revenu de son exil au chevet d'un pays traversé par d'énormes contradictions. Dire qu'il a fait l'unanimité serait mentir, mais l'homme a réussi à maintenir debout une nation grâce à son passé révolutionnaire. Sur le terrain, la situation était loin d'être florissante. Parmi les premières mesures prises du temps de Boudiaf, l'on notera la dissolution du FIS et la création des camps du Sud. Une décision qui mettait, d'emblée, le président sur la liste des ennemis de la tendance islamiste en Algérie qui n'a pas tardé à basculer. Cela dit, au-delà des aspects pratiques de la gestion, il convient de relever que le 16 janvier 1992 a constitué un tournant décisif dans l'histoire du pays et continue à susciter les débats les plus contradictoires 11 ans après. Trop de choses ont été dites sur cette période cruciale de l'histoire de l'Algérie. Certains affirment qu'on a fait appel à Boudiaf pour régler l'affaire du FIS sans plus. Mais le président du HCE n'a pas fait que régler la question de l'islamisme radical, il s'est attaqué à des dossiers tabous. Il s'agissait de la corruption au sein même du système. Les premières grosses affaires de corruption ont été ébruitées à son époque. Faut-il y trouver une relation de cause à effet? En tout cas, la version officielle, celle qui découle du procès de Boumarafi, écarte la thèse du complot au profit de l'acte insensé d'un militaire d'obédience islamiste. Une chose est néanmoins sûre : quoi qu'on pourrait dire sur les circonstances du retour et de la mort de Boudiaf, le 16 janvier 1992 a constitué pour des millions d'Algériens, quelle que soit leur sensibilité politique, une date charnière d'une importance capitale. Une lueur d'espoir pour certains, le début de l'enfer terroriste pour d'autres, après une profonde plongée dans le désespoir. Mais pour beaucoup, Boudiaf représentait surtout la sécurité. Un rêve éphémère perdu depuis maintenant 11 ans.