La lutte contre la corruption, entreprise ces dernières années, dénote le caractère immortel de l'oeuvre de Boudiaf. Celui qui voulait, en ce 16 janvier 1992, sauver la République du péril islamiste, en répondant à l'appel du devoir national, revient, aujourd'hui, dans les mémoires de tous ses compatriotes. Voilà déjà quatorze ans, jour pour jour, que Si Tayeb El Watani, est rentré au pays, laissant une vie familiale paisible dans sa retraite marocaine de Kenitra. Le peuple algérien, qui retiendra de Si Tayeb El Watani son dévouement pour la nation et son sens de l'intégrité et de la justice, a su apprécier à sa juste valeur l'un des pères de la Révolution algérienne. Celui qui deviendra en six mois d'exercice à la tête du Haut Comité d'Etat, (HCE ) un symbole pour une jeunesse désoeuvrée, prise en étau entre les convoitises islamistes et une situation sociale des plus asphyxiantes. La guerre implacable qu'il voulait mener à la mafia politico-financière, qui, profitant de la confusion généralisée, a mis à sac le Trésor public, a été avortée par des balles assassines un certain 29 juin 1992. Un assassinat qui a «inauguré» une série de carnages, perpétrés par les hordes islamistes, qui plongeront la nation dans le chaos, faisant pas moins de 120.000 morts et des milliers de disparus. Nous citerons l'évasion massive de Lambèze du printemps 94, le carnage de la prison de Serkadji de février 95, les attentats de l'aéroport et les massacres de Raïs et Bentalha. Cependant, si Mohamed Boudiaf est mort, ses idéaux demeurent vivants. La démarche entreprise ces dernières années par M.Abdelaziz Bouteflika, dans le cadre de la lutte contre la corruption, et la mise en place d'un arsenal juridique, à même de consacrer la transparence dans la gestion des deniers publics, dénotent le caractère immortel de l'oeuvre de Mohamed Boudiaf. Par ailleurs, sur le plan politique, l'oeuvre de Mohamed Boudiaf consistant à mettre la religion en retrait du jeu politique a été parachevée quelques années après sa mort, avec, notamment la promulgation en 1997 de la nouvelle loi sur les partis politiques, interdisant l'utilisation de l'Islam à des fins politiques. Un principe qui sera consacré dans la Constitution de 1996. En somme, symbole du patriotisme et du nationalisme, Boudiaf s'est vite fait connaître par son caractère courageux et ses prises de décision efficientes durant les situations les plus épineuses. Ce sont même ces principes qui ont fait de lui l'un des historiques de la guerre de Libération. Il adhère au P.P.A. et devient un membre important de l'Organisation spéciale (O.S). En 1950, il est jugé et condamné par contumace ; il rejoint la France en 1953 et devient membre du M.T.L.D. Il rentre en Algérie et devient l'un des principaux organisateurs du C.R.U.A.(Comité Révolutionnaire pour l'Unité et l'Action), membre du groupe des 22 ayant déclenché la guerre de Libération. Le 22 octobre 1956, il est capturé avec ses compagnons suite à l'arraisonnement par l'aviation française de l'avion qui les menait du Maroc vers la Tunisie. Le 20 septembre 1962, il fonde le Parti de la Révolution Socialiste (P.R.S.). En juin 1963, il est arrêté et exilé dans le Sud algérien où il reste détenu pendant trois mois puis il rejoint le Maroc. A partir de 1972, il se déplace entre la France et le Maroc en activant pour son parti, le P.R.S. et en animant la revue El Djarida. En 1979, après la mort de Houari Boumediene, il dissout le P.R.S et va se consacrer à ses activités professionnelles en dirigeant à Kenitra au Maroc une briqueterie. Le 14 janvier 1992, après la démission du Président Chadli Bendjedid, il devient Président du Haut Comité d'Etat. Il meurt assassiné le 29 juin 1992 à Annaba. Pour commémorer le retour du défunt Mohamed Boudiaf, dit Tayeb El-Watani, le 16 janvier 1992 dans sa patrie, une cérémonie de recueillement sera organisée lundi 16 janvier 2006 à 10h au niveau du Carré des martyrs du cimetière d'El Alia.