Les enseignants ont «déserté» en masse les établissements scolaires. Déclenchée par les collectifs d'enseignants rassemblés en coordinations, lesquelles se veulent autonomes et devant le recul des syndicats du secteur, la grève des enseignants est en train de s'inscrire dans la durée. La première daïra à monter au créneau, est celle de Boghni où les enseignants ont, dès la rentrée scolaire du 05 janvier, décidé de se mettre en grève. Profitant de la situation, les syndicats, tant ceux dits autonomes que celui affilié à l'Ugta, multiplient leurs actions, en vue d'essayer de capitaliser le mouvement de protestation. Ainsi, le Satef, aile Azzi Arab annonce sa troisième action pour lundi prochain. Il annonce un sit-in et veut organiser pour la même journée une marche. Le Sete/Ugta annonce pour sa part, trois jours de grève à partir d'aujourd'hui, tout comme l'Unpef qui soutient le Satef et se déclare partie prenante des trois jours de protestation. L'autre syndicat, le Snte ,a réuni son bureau de wilaya jeudi dernier et, après avoir examiné la situation, a décidé d'appeler, lui aussi à une grève, de trois jours à partir d'aujourd'hui. Cette action du Snte sera ponctuée par un sit-in qui se tiendra le lundi 20 janvier devant le siège de la Direction de l'éducation. Dans une déclaration rendue publique, le Snte affirme: «La Direction de l'éducation n'a pas pris en considération les revendications des enseignants, c'est-à-dire, le versement des traitements, le règlement de l'ensemble des situations en souffrance et de tous les arriérés de salaires...». A fleuret moucheté, les syndicats se livrent une rude bataille. C'est à celui qui réussira à chapeauter le mouvement. Les uns, appellent à la grève des enseignants déjà en grève, et les autres multiplient les appels à des sit-in. Sur le terrain, rares sont les enseignants qui se reconnaissent réellement dans une structure syndicale. Les grévistes contractés, n'ont pas manqué d'affirmer: «Durant de longs mois, personne n'a pensé à une action syndicale vraie. Les organisations étant occupées à régler leurs comptes. D'autres demandent le départ des responsables...» Pour eux, le problème du jour se résume à la régularité dans le versement des traitements et à une sérieuse prise en charge réelle de tous les autres problèmes, notamment la liquidation des rappels et autres primes. Comme beaucoup d'entre eux ont tenu à le préciser: «Qu'ils soient réguliers dans le paiement de nos maigres sous et peu nous importe qui est, a été ou sera Directeur de l'éducation...S'il faut réellement changer, il va peut-être falloir faire baisser rideau à cette Direction et reprendre tout à zéro...» Une chose semble certaine, du moins pour la wilaya de Tizi Ouzou, ce sont les syndicats, toutes obédiences confondues, qui s'accrochent aux décisions des collectifs et non l'inverse. D'aucuns voient en ces collectifs, les prémices d'une autre structure syndicale, ce que démentent fortement, du moins pour le moment, les enseignants affirment: «La situation actuelle durera jusqu'à ce que tous nos problèmes soient réglés.» Ce qui, selon certaines sources, pourrait durer encore toute cette semaine, à moins d'un miracle!