Les délégués devraient être jugés à partir d'aujourd'hui. La reprise du procès des délégués et autres émeutiers du mouvement citoyen interviendrait à la faveur de la sage décision prise, lundi dernier, par les délégués incarcérés de cesser leur grève de la faim. Elle augure d'un climat de détente favorable à la sortie de crise. Il semblerait que l'appareil judiciaire, qui serait instruit pour juger les délégués- dont certains sont notamment accusés d'«atteinte à l'ordre public» et d'«outrage à corps constitués»- soit disposé à apporter son concours à l'apaisement des esprits et à la recherche de la solution idoine. Dans ce sens, on croit savoir que le nouveau procès prendra une autre tournure, celle de l'abandon pur et simple des charges qui sont retenues contre Belaïd Abrika et ses camarades. Quant à l'ordre de passage devant le juge, nous croyons savoir que les détenus seront entendus en fonction de leur état de santé. Hormis Abrika et Allouache, qui ont repris des forces et seraient, de ce fait, les premiers à être entendus par la justice, les autres demeurent très affaiblis physiquement et nécessitent du temps pour récupérer. Le hic est que le délégué influent de la CADC a exigé, dans son dernier procès, la présence du ministre de l'Intérieur, rendant impossible le traitement de cette affaire. De plus, le collectif des avocats, dont certains sont d'obédience RCD et autre et qui avait une lourde responsabilité dans le dossier, ne manquera pas de transformer cette audience en une tribune politique pour en découdre avec ses détracteurs dans le système. Sur un autre registre, ce procès interviendrait moins de dix jours après la déclaration controversée faite par le ministre de l'Intérieur au sujet des détenus du mouvement citoyen. En effet, le 9 janvier dernier et en marge de la session des questions orales de l'Assemblée populaire nationale (APN), M.Yazid Zerhouni a tout d'abord douté de la véracité de la grève de la faim des détenus puis démenti l'information selon laquelle Belaïd Abrika et ses camarades seraient amnistiés. Il a également précisé que «le sort» des détenus est entre les mains de la justice et que seule cette dernière peut trancher leur cas. De ce fait, la diligence de la justice pour clore ce dossier apparaît comme une réponse aux nombreuses interférences dont elle a été victime dans cette affaire. La reprise du procès des détenus du mouvement citoyen et l'abandon des charges, et par conséquent leur acquittement, ouvriront de larges perspectives au mouvement ainsi qu'aux autorités ayant exprimé leur volonté d'aller dans le sens du règlement de la crise par la satisfaction de la plate-forme d'El-Kseur explicitée à Larbaâ Nath Irathen. Dans ce sens, l'Interwilayas du 23 janvier est un événement très attendu.