Le risque est grand de voir la région embrasée de nouveau après une trêve de plus de 10 ans. James Baker, envoyé spécial du Conseil de sécurité de l'ONU suivant sa résolution numéro 1429 sur le Sahara occidental, a été reçu, jeudi après-midi, par le Président Bouteflika. Il a, a cette occasion, remis au chef d'Etat algérien une copie des nouvelles propositions onusiennes visant à régler pacifiquement la question du Sahara occidental. Jusqu'à l'heure où nous mettions sous presse, rien n'avait filtré concernant le contenu de ce nouveau document. Nous avons juste pu apprendre que le mandat onusien dans la région doit être prorogé de deux mois au moins alors que le référendum d'autodétermination du peuple sahraoui, prévu pour le mois en cours, ne pourra pas se faire avant la fin du premier trimestre de cette année. Cette éventualité reste peu sûre. En effet, James Baker, qui a également rencontré le souverain marocain, le président de la RASD et le chef d'Etat mauritanien, a laissé à tous ces acteurs et observateurs un délai étalé jusqu'au 1er mars pour établir leurs commentaires relatifs aux nouvelles propositions onusiennes. Si le Président Bouteflika, à l'occasion de son entrevue avec James Baker, a clairement affiché la confiance de l'Algérie en l'ONU et en règlement pacifique et conforme au droit international de la question sahraouie, le souverain marocain, de son côté, n'a pas caché son «mépris» vis-à-vis de cette démarche. Mohammed VI, qui a promis de se pencher sur le document par simple courtoisie, a affirmé que le Maroc ne se «délestera pas de la moindre parcelle de son territoire». En clair, le Maroc continue à défier l'ONU et son Conseil de sécurité, poursuivant sa politique colonialiste sans la moindre considération pour les risques de résurgence de nouveaux conflits armés dans la région, avec les graves dérives pouvant en résulter. Il ne fait pas de doute, non plus, que la politique marocaine retardera encore pour plusieurs mois, voire des années, l'édification du Maghreb arabe telle que souhaitée par l'ensemble des Etats concernés.