Toute participation militaire des pays arabo-musulmans contre l'Afghanistan serait fatale pour ces régimes. Entre la pression de Bush, l'hostilité de leurs opinions publiques et la récupération des intégristes, les choses s'annoncent mal. Le roi de Jordanie, président en exercice du sommet arabe, est en visite depuis hier à Washington. Abdellah II, premier dirigeant arabe à rencontrer Le président Bush depuis les attentats suicide du 11 septembre aux Etats-Unis, discutera avec ce dernier de la position arabe sur la lutte contre le terrorisme international. Entre cette visite en Amérique et celle de Hosni Moubarak en Europe, la position arabe devrait aller dans le sens d'éviter un choc civilisationnel entre les confessions. Sur le plan interarabe, les choses semblent évoluer vers le mieux. Le Conseil des ministres de l'Intérieur a enfin appelé à un congrès mondial contre le terrorisme. Les pays de la Ligue arabe et de la Conférence islamique surfent, chacun comme il peut, sur les vagues de ses propres intérêts et de ses propres islamistes. Oui pour une lutte internationale contre le terrorisme, non pour se joindre à toute attaque militaire contre l'Afghanistan. C'est du moins ce qui apparaît dans les différentes déclarations de certains gouvernements arabes ou musulmans. Le comment d'une association de ces gouvernements dans la coalition internationale contre le terrorisme se distingue tout d'abord comme un problème existentiel. Les récentes manifestations au Pakistan n'ont pas laissé indifférents les dirigeants arabes. Otages du marteau américain et de l'enclume de leurs opinions publiques, ils chantent la même chanson, mais sous différentes notes, souvent fausses. La position de l'Algérie est confortable du fait qu'elle a toujours appelé à une action arabe et internationale concertée et coordonnée. C'est sur ces points, notamment qu'Alger avait insisté en 1999 lors du sommet international de Charm el-Cheikh consacré au terrorisme. Peu suivie, cette voie a eu peu d'effets. C'est dans ce contexte que le secrétaire général de la Ligue arabe Amr Moussa, annonce la couleur en déclarant clairement à partir d'Amman que « les armées arabes n'iraient pas en Afghanistan», ajoutant: «Le croyant ne se fera pas mordre deux fois», faisant allusion à l'expérience égyptienne dans la guerre contre l'Irak. Et d'appeler à un sommet extraordinaire des monarques et chefs d'Etat de la Ligue arabe en affirmant que ses membres pourraient même cesser toute collaboration en matière de renseignements dans le cadre de la coalition antiterroriste internationale, si Israël y participait. Une menace difficile à tenir, puisque la machine internationale est déjà en marche, après le consensus des Quinze de l'Union européenne. L'Egypte, le Maroc, la Syrie et l'Arabie Saoudite veulent à tout prix éviter le scénario de la guerre du Golfe à laquelle ils se sont joints, contribuant à détruire l'Etat le plus avancé du monde arabe.