«il existe des réseaux de prostitution professionnels à l'intérieur des cités universitaires que personne ne dénonce.» Le SG du bureau national de l'Union nationale des étudiants algériens (Unea), M.Tarik Seghir, a tenu, hier matin, au siège de cette organisation, une conférence de presse à la suite des récents événements meurtriers qu'ont connus les cités universitaires du pays. Pour le SG de l'Unea, qui revendique le statut d'étudiant et non celui d'association, les problèmes qui secouent, actuellement, les cités universitaires algériennes sont loin d'être politiques, mais organisationnels, voire de non-respect des textes de la République qui, par ailleurs, méritent des amendements. «Un étudiant peut et doit faire de la politique avec cette nuance qu'une activité politique partisane n'a pas sa raison d'être à l'intérieur des enceintes universitaires», a t-il ajouté. L'aspect de la représentativité a été, aussi, abordé. Le SG de l'Unea, qui se targue d'avoir plus de 45.000 adhérents, reconnaît que tous les syndicats estudiantins, ne dépassent pas, en termes de représentativité, le taux de 30%. Mais si l'Unea et l'Ugel sont, à ses yeux, les plus actives et les plus ancrées dans ces milieux, il relève le même problème que le SG de l'Ugel: le manque de sérieux de l'Etat dans l'organisation et l'assainissement de ce milieu syndical. Considérant que les représentants de l'Etat sont les seuls responsables, sinon les principaux, de cette situation, le SG de l'Unea a déclaré qu'«il existe des réseaux de prostitution professionnels à l'intérieur des cités universitaires que personne ne dénonce. On compte 32.000 indus occupants dans les résidences avec la complicité de certains responsables; les étudiantes subissent le harcèlement d'enseignants pour obtenir de bonnes notes. Nous avons des responsables qui squattent les biens de l'université, personne ne condamne, c'est le cas de M.Lachaâb, ex-SG du gouvernement, qui occupe des locaux de l'université à la rue Charras ou alors celui de l'actuel chef de cabinet du ministre de l'Enseignement supérieur qui squatte un logement au Vieux-Kouba tout en louant le sien. Nous avons des corruptions actives, même de la part des syndicats d'étudiants(es) d'où, entre autres, une restauration de plus en plus infecte...». «Je mets au défi le ministre de l'Enseignement supérieur de visiter la Fac de médecine d'Alger où plus d'une vingtaine de personnes est inscrite alors qu'elles n'ont pas le bac ou de communiquer les noms des bénéficiaires des bourses à l'étranger.» A ce titre, le SG de l'Unea pense qu'«on a trop focalisé sur les comités des cités universitaires, dont l'élection des membres a connu des incidents violents condamnables, alors que la source de cette violence est située plus particulièrement dans les comités pédagogiques qui, jusqu'ici, n'ont attiré, apparemment, l'intérêt de personne». «Nous sommes pour la diversité syndicale à la simple condition qu'une charte de bonne conduite y soit d'abord promulguée et respectée par tous, car nous sommes les premiers à souffrir des abus de toutes sortes.» A cet effet, M.Seghir Tarik parle des «32 étudiants qui ont séjourné pendant neuf mois à la prison pour avoir voulu installer un comité de cité à l'université Emir-Abdelkader ou le cas du procureur d'Oran qui a confisqué, sans raison, le cachet de notre bureau d'Es-Senia». Il reste que, aussi bien dans le discours de l'Unea que dans celui de l'Ugel, un problème de représentativité est à régler. Le syndicalisme estudiantin, qui tarde encore, souffre aussi de l'absence totale de «pôle démocratique» dès lors que seuls les «pôles nationalistes et islamistes y activent».