Le front social, qui était déjà sur des charbons ardents, menace de s'embraser. Le regroupement Centre (Alger, Boumerdès, Blida, Bouira, Médéa, Tipaza et Tizi Ouzou) a eu lieu, hier au siège de l'Ugta, sous la présidence de Sidi Saïd, secrétaire général. Cette rencontre vient, en fait, clore une série de trois autres qui ont eu lieu à Oran, Constantine et Ghardaïa, dont l'objectif essentiel visait à «sensibiliser» les travailleurs algériens à l'égard «du danger qui guette le secteur public par les visions théoriques des réformes, telles qu'enclenchées actuellement, notamment leur volet portant sur les privatisations du secteur public». Le SG de l'organisation syndicale excitera, graduellement et méthodiquement, les centaines de travailleurs présents. La misère et la paupérisation, «la psychose qui règne dans le milieu des travailleurs algériens», entretenue par les foules d'informations, aussi inquiétantes les unes que les autres, sur le devenir de leurs outils de survie, sont des ingrédients «largement» suffisants pour maintenir, continuellement, la base de l'Ugta et autres travailleurs non affiliés. Et c'est dans cet état que des centaines de personnes sont arrivées, hier, à grands renforts, au siège de la centrale syndicale. Le SG de l'Ugta commencera, d'abord, par «décortiquer» la situation sociale «explosive» du pays. Celle des différents secteurs économiques, publics notamment. Tantôt s'exprimant en arabe, tantôt en kabyle ou en français, Sidi Saïd a su trouver les mots qu'«il faut» pour galvaniser, suffisamment, la foule et instaurer un dialogue direct avec telle ou telle personne, présente dans la salle, qui l'interpelle à tue-tête. Déjà on commence à s'impatienter. «On a trop parlé...C'est quoi la solution», hurle-t-on, de partout, dans la salle. «Niet aux réformes, niet aux privatisations...», niet à tout, martèle-t-il, tout en demandant à l'assistance: «Etes-vous prêts à aller jusqu'au bout?» Le SG de l'Ugta prévient contre tout atermoiement, si une quelconque décision est prise par la base. Cette crainte est-t-elle justifiée? Pour cette fois, susurre-t-on dans la salle, il est question de sa survie à la tête de l'Ugta, voire de son avenir «politique». «Suffisamment travaillée», Sidi Saïd annonce, en guise d'épilogue, à sa base, que «le principe de grève générale est retenu, aujourd'hui, par l'Ugta». La salle crie en choeur «grève générale...» à répétition. Par ailleurs, il semble aussi que la déclaration d'une grève générale, tant souhaitée et attendue de la part du bureau national, par une base de plus en plus impatiente, ne fait que répondre, «quasi obligatoirement» aux voeux de cette même base. Sidi Saïd, acculé par sa base, dispose désormais de moins en moins de marge de manoeuvre. «Obligé», d'abord, d'annoncer cette «énième» décision puis à tenir, immanquablement, son engagement d'hier. Les positions politiques et autre immobilisme syndical du bureau national sont largement critiquées, du moins incompris, par la base de l'Ugta. Même si le SG de l'Ugta ne fixe aucune date pour le lancement de la grève générale, certains avancent déjà celle du 24 février. Cette date signifie l'opposition de l'Ugta à l'égard de la réforme du secteur des hydrocarbures et, par ricochet, de «toutes les réformes telles qu'elles sont actuellement enclenchées» par cercle dit présidentiel. Sidi Saïd, qui semble désigné clairement ses «ennemis politiques» affiche, ouvertement, sa couleur «politique».