Décidément, rien ne va plus entre la Centrale et le gouvernement. Même la bipartite a fini par être renvoyée aux calendes grecques. Rencontré samedi en marge du sit-in organisé à Alger contre la guerre en Irak, le secrétaire général de l'Ugta, Abdelmadjid Sidi Saïd a déclaré que «le mot d'ordre de grève générale est maintenu». Mais, contrairement à ce qui a déjà été écrit dans certains titres de presse, «le débrayage aura lieu en date du 26 février». C'est ce que nous avons pu apprendre de sources proches de la Centrale Ugta. Une rencontre des secrétaires généraux des unions de wilaya et des fédérations est, à ce titre, prévue aujourd'hui à Zéralda dans le but de battre pour la dernière fois le rappel des troupes, évaluer ses forces et lancer le mot d'ordre de grève. En attendant, des démonstrations de force ont lieu dans certains secteurs comme c'était le cas hier dans les ports algériens et demain au niveau de la douane algérienne. Deux secteurs névralgiques capables de paralyser une partie non négligeable de l'économie nationale bâtie en grande partie sur le commerce extérieur. Le ton, il faut le croire, est monté d'un cran entre la Centrale Ugta et le gouvernement. De mêmes sources, en effet, on apprend que la bipartite, maintes fois annoncée puis reportée, vient, cette fois, d'être définitivement abandonnée dans un avenir immédiat, ce qui ne contribue guère à calmer le front social en train de s'embraser. Nos sources, à ce sujet, précisent que «dans le meilleur des cas, cette rencontre, décisive à plus d'un titre, ne pourra pas avoir lieu avant le début du mois prochain, c'est-à-dire après la grève du 26 février prochain et la démonstration de force que compte effectuer l'Ugta en train de battre le rappel de toutes ses troupes». Les dirigeants de l'Ugta, cependant, insistent pour dire que «le problème se pose uniquement, mais avec acuité, avec certains ministres du gouvernement Benflis». En clair, l'Ugta continue toujours de revendiquer l'arrêt pur et simple des privatisations telles que conçues et menées par le ministre de la Participation, Abdelhamid Temmar. Elle demande également le retrait définitif du projet de loi sur les hydrocarbures que toutes les autorités du pays contestent et que le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, continue de soutenir mordicus. La dernière sortie médiatique de Hamid Temmar relative à la privatisation des cimenteries a été, quant à elle, accueillie avec beaucoup de mépris par les dirigeants de l'Ugta, la qualifiant de «vide de sens» et «nécessitant les réponses appropriées qui ne viendront que sur le terrain». Allusion claire à la grève générale dont l'Ugta compte faire une belle réussite annonçant le come back de la Centrale sur le devant de la scène de la contestation syndicale et de la défense des droits des travailleurs et des intérêts économiques du pays. Sur le plan politique, donc, et même si le dialogue semble être rompu momentanément, il ne fait plus de doute, il ne devrait faire de doute pour personne, que l'Ugta ne participe en quoi que ce soit dans la campagne visant à déstabiliser le Président Bouteflika. Ses objectifs, quoique demeurant hautement stratégiques avec le rejet des démarches de Temmar et Khelil qui «ne menacent rien moins que le devenir de la nation algérienne». Ces ministres, comme il a été constaté lors de la dernière bipartite, ont été officiellement lâchés par leur gouvernement. Le chef de l'Exécutif, en effet, avait assuré les dirigeants de l'Ugta que le projet de loi sur les hydrocarbures était encore au stade de l'étude et que rien ne se ferait sans consultations préalables avec le partenaire social, annonçant par ailleurs le retrait sans appel du projet de privatisation des entreprises publiques par paquets de 40, précisant que là encore rien ne se fera sans négociations avec le partenaire social local et qu'en cas de litige, le Chef du gouvernement jouerait personnellement le rôle d'arbitre. Ali Benflis était allé encore plus loin, comme annoncé en exclusivité par L'Expression dans une précédente édition, en instruisant les SGP, dans une circulaire, de la réduction des prérogatives de Hamid Temmar ce qui aurait mis ce dernier dans une colère noire. Ainsi, le déblocage intervenu au sein du gouvernement ne pourra-t-il se faire avant la démonstration de force de la Centrale et la mise «hors circuit» définitive des démarches de Temmar et Khelil avant le rétablissement d'un dialogue central constructif et responsable. Nous y reviendrons. Forcément.