L'audition de Belaïd Abrika et Mouloud Chebhab, qui a repris hier, a été, une nouvelle fois, renvoyée sine die par le magistrat instructeur près le tribunal de Tizi Ouzou. Cette décision aurait été prise par le juge d'instruction après que les avocats eurent pris acte de l'objection d'Abrika concernant un rappel des faits, ce qui a déplu au magistrat qui aurait fait constat «d'interférence dans la procédure». Ainsi, séance tenante, il ferme le dossier et ordonne le renvoi de l'audition à une date indéterminée et ce, malgré tous les bons offices du bâtonnier et de son adjoint. Pour le collectif d'avocats, «ce renvoi serait décidé par des forces extrajudiciaires et obéit à la seule volonté de ces mêmes forces de proroger la détention préventive des délégués, car la procédure a désormais atteint sa phase finale et la délivrance d'une ordonnance de renvoi de l'affaire devant la chambre d'accusation où le tribunal correctionnel est, à présent, inéluctable». En effet, il était évident qu'à l'issue de la séance d'hier on aurait été édifié sur la nature des charges retenues contre les prévenus. Avant sa suspension, l'audition d'hier était essentiellement axée sur le dossier de l'empêchement des élections. Ainsi après avoir énuméré à Abrika la litanie des chefs d'accusation habituels retenus contre lui, le juge d'instruction «sort» une nouvelle charge, cette fois-ci très grave, à l'encontre du délégué des Genêts. Selon le magistrat, Belaïd Abrika aurait ordonné l'enlèvement et l'assassinat d'un citoyen de Tizi Ghennif lors d'un meeting antivote qu'il avait animé lors de la période préélectorale dans la même localité. Abrika aurait répliqué qu'«il n'était pas terroriste pour ordonner l'exécution d'un crime». Par ailleurs, et compte tenu de «l'incident», Mouloud Chebhab n'a pas été entendu par le juge d'instruction. En parallèle, le rassemblement des délégués devant le tribunal de Tizi Ouzou a été empêché par un impressionnant dispositif de sécurité.