Au moins cinq membres de l'ex-«groupe Lazaref» continuent à écumer l'axe Meftah-Cherarba-Eucalyptus. La neutralisation de quatre éléments du «groupe Lazaref» (abattus à Meftah il y a près de deux mois) et la disparition dans la nature des cinq autres continuent toujours à susciter la crainte de voir se (re)former un réseau urbain spécialisé dans les attentats ciblés. Selon un haut responsable sécuritaire de la région de Blida, des recoupements d'informations font ressortir clairement la volonté du Gspc (Groupe salafiste pour la prédication et le combat, autonome depuis 1996 et créé officiellement fin 1998) de se doter d'un réseau paramilitaire du style Fida, et dont les cibles seraient des personnalités publiques, ce qui constituerait une audience médiatique supplémentaire pour le groupe de Hassan Hattab, le plus important des groupes armés activant actuellement en Algérie. La neutralisation, il y a trois jours, d'un terroriste du groupe abattu à Meftah par les forces de sécurité combinées, est un autre pas fait dans le sens de la mise hors jeu du réseau de Meftah. Il y a près de deux mois la neutralisation du noyau dur avait fait croire que le groupe de Meftah était mort de sa belle mort. En fait, à cette date, Rabah Lazaref, alias Brahim, Zerrouk Fares-Eddine, alias Mossaâb et Yahiaoui Djamel, alias le Japonais avaient été abattus près de Djoualil, à Meftah, par les forces de l'ANP. Rabah Lazaref, 30 ans, ex-membre de l'AIS, section-Larbaâ, avait commencé au GIA, pour finir au Gspc. Rompu à la guérilla urbaine, il avait été sollicité pour créer une cellule terroriste, genre Fida. Ce qui ressort des propos mêmes tenus par Yahiaoui Djamel, originaire de Cherarba, à certains de ses proches, peu avant qu'il ne soit abattu. Toutefois, il semble que l'esprit du groupe Lazaref n'a pas été aussi ingénieux que celui des ex-membres du Fida pour élaborer un schéma terroriste et tactique de l'envergure de celui créé par Abdelouahab Lamara, Mohamed Saïd, Kacha, etc. Ce manque de moyens et ces tares techniques ont été remplacés par une entreprenante activité dans les zones suburbaines et néo-urbaines de Meftah, Larbaâ, Belaouadi, Eucalyptus, Cherarba, Sidi Moussa, Baraki, qui sont, en même temps, autant de «portes ouvertes» sur la capitale, et qui constituent la vaste plaine orientale de la Mitidja, toujours aussi frémissante en matière de violence armée, depuis l'époque de Bouyali. Il y a peut-être lieu de lier cette volonté de (re) constituer une cellule urbaine spécialisée dans les attentats ciblés avec la constitution de petits groupes mafieux dans la région. Il y a moins d'une semaine, un groupe de trois personnes avait kidnappé une fillette et projetait de demander une rançon à ses parents ( le père de la fillette est un riche négociant de la ville de Meftah). Les membres de ce réseau ont été arrêtés, justement à Meftah, et à Bab-Ezzouar aussi, et la police judiciaire de Meftah a pu libérer la petite Amel, qui avait passé la nuit, seule, ligotée dans une vieille bâtisse, en proie au froid et à la faim, mais, fort heureusement, sans séquelles physiques.